Qui est Gengis Khan ?
Gengis Khan, né Temüjin, (1162 – 1227) a été le premier empereur mongol qui unifia les tribus turques et mongoles d’Asie centrale afin de fonder son empire, le plus vaste de tous les temps. Il a mené une conquête de la majeure partie de l’Asie, incluant la Chine, la Russie, la Perse, le Moyen-Orient et l’Europe de l’Est !

Oulan-Bator – Mongolie
Ses jeunes années

Chengis Khan écrit en mongol traditionnel
Il est né aux alentours de 1162 dans la région du Khentii (tiens, ma première étape dans ce pays 😉 ) à Dunlunboldag. Il est le fils aîné de Yesügei, chef du clan Borjigin et de Hoelun, de la tribu de Olkhunut.
Gengis Khan est né dans une tribu mongole nomade. Le peuple turco-mongol dont il est issu descendrait des Chinois Hu de l’Est. Ils parlaient le khitan, une langue associée au mongol. Ils étaient des pasteurs nomades qui chassaient au 2ème siècle. Ces Huns d’Asie aux origines troubles sont les premiers nomades à dominer un ensemble territorial et à y installer une capitale : Long Cheng.
Au moment de sa naissance, les 40 clans mongols sont déchirés par des guerres intestines et divisés face à leurs rivaux, Turcs et Tatars. Initialement nommé Temüjin, du turco-mongol qui signifie « fer », il est né, selon les croyances mongoles, en tenant dans son poing un caillot de sang en forme d’osselet, signe de son glorieux avenir.
A 9 ans, il est fiancé à Borte (clan des Khongirats) et a vécu auprès de sa belle-famille pour gagner, selon la coutume, le prix de sa fiancée.
Son père est mort peu après, empoisonné lors d’un festin partagé avec les Tatars. Temüjin étant alors trop jeune, le clan ne se soumet pas à lui et c’est le clan des Tayitchiout qui s’empare du pouvoir. Emportant le bétail, ils abandonnent la veuve avec toute sa famille.
Il passe les années suivantes avec sa famille en suivant le mode de vie des nomades. Capturé un jour par une tribu rivale, il réussit à s’échapper peu de temps après avec l’aide d’un de ses ravisseurs. Pendant ces années de misère, Temüjin et son frère Kassar tuent leur demi-frère Bekter. Petit à petit, ils ont reconstruit un patrimoine.
À 16 ans, il épouse Bortë, mais elle est enlevée par la tribu des Merkit. Temüjin les écrase sur les bords de la Buura et délivre sa famille. Son premier fils Jochi naît juste 9 mois après la libération de sa mère, entretenant des doutes quant à sa paternité.
À 19 ans, Temüjin, que les historiens nous dépeignent grand, sec et musclé, est un farouche guerrier mais aussi un habile politique, ce qui va lui servir dans sa tentative d’unification des tribus mongoles. Sa renommée s’accroît de plus en plus.
À cette période, les peuples nomades d’Asie centrale sont divisés et facilement manipulés par les peuples sédentaires dirigés par de puissants monarques, tels ceux de la dynastie Jin au nord de la Chine. Allié des Chinois, le jeune Temüjin intervient dans les luttes contre leurs adversaires, notamment les Tatars, le plus puissant peuple mongol.
La partie décisive se joue en 1201. Grâce à une tactique déconcertante, inspirée des cavaliers scythes, Témudjin défait tous ses ennemis (les Turcs Naïmans, les Tatars et surtout, à la bataille des Soixante-Dix Manteaux, ses rivaux mongols, les Taïdjioutes).
Se forgeant de solides amitiés parmi les chefs des clans mongols, Temüjin réussit après une série de guerres et d’alliances mouvantes à devenir le seigneur des Mongols en 1206.
La fondation de l’Empire
La Mongolie est née. Un conseil de chefs à donné à Temüjin le titre de Tchingis Qaghan, dont nous avons fait “Gengis Khan” ce qui signifie « Chef Suprême ».
L’idée du chef au mandat divin date de l’époque des Köktürks : en 552, ils se sont emparés du territoire, ont surveillé l’accès à la route de la soie et ont dominé du Caucase à la mer jaune. Ils ont créé l’homme-providence qui voue sa vie à la soumission des peuples étrangers.
En outre, le système administratif türk inspirera les Mongols, avec la création d’une trentaine de bureaux dédiés aux affaires étrangères, civiles ou encore militaires. C’est aussi la date d’introduction du système d’écriture türk, remplacé plus tard par l’alphabet ouïghour, un élément important dans l’unité et la gestion de cet Empire des steppes. |
Gengis, en turco-mongol, signifie « océan » c’est-à-dire “Souverain Océanique”, sous-entendu souverain universel.
Gengis Khan et le peuple mongol dans son ensemble ont un héritage commun, celui de l’Empire des steppes, caractérisé par un chef charismatique, protégé du Ciel éternel, le Möngke tengri. Ce chef, le Khan met ainsi en place un système administratif et un système de poste efficaces et un territoire centralisé autour d’une capitale, l’ ördü: Karakorum, par ailleurs située à quelques kilomètres des anciennes capitales ouïghour et türk. On entrevoit donc un personnage sûr de lui et favori du Ciel, qui prend le pouvoir grâce à des rivalités incessantes, à l’instar de ses prédécesseurs, certain de son succès et à la volonté ferme de domination de territoires immenses et de soumission des peuples étrangers.

13th century complex – 60km Ulan-Bator – Mongolia
En tant que nouvel empereur, il développe un nouveau système militaire basé sur le système décimal, les armées étant divisées en groupes de 10, 100, 1 000 et 10 000 (tumen). Les soldats prennent leurs familles et chevaux avec eux, chaque cavalier disposant de trois ou quatre chevaux. Il réforme également la discipline et la tactique.
Le conflit que Gengis entretient avec le Xia Occidental donne lieu à la première guerre de conquête de l’empereur : bien que laborieuse, cette conquête aboutit après un accord de paix en 1209 où l’empereur du Xia Occidental reconnaît son infériorité.
Mais la cible principale de Gengis reste Jin, tant pour des raisons de revanche que pour s’accaparer les richesses de la Chine du nord. La guerre est déclarée en 1211. Victorieux en campagne, les Mongols voient leurs assauts repoussés dans les grandes villes. Appliquant sa proverbiale méthode de logique et de détermination, Gengis se penche avec l’aide de ses équipiers sur le problème des attaques de places fortifiées. Aidés par des ingénieurs chinois, ils bâtissent progressivement les techniques qui feront d’eux les plus redoutables meneurs de sièges de l’histoire militaire.
En 1213, par ses victoires écrasantes en campagnes et ses quelques succès contre des villes fortifiées, Gengis étend sa conquête du territoire de Jin vers le sud jusqu’à la Grande Muraille. Il avance ensuite avec trois armées au cœur du territoire, entre la Grande Muraille et le Huang He. Après avoir dévasté le nord de la Chine et pris de nombreuses villes, il capture la capitale de Jin en 1215, Yanjing (qui deviendra plus tard Pékin). L’empereur de Jin ne capitule pas mais se retranche à Kaifeng. Ses successeurs y seront ensuite vaincus, mais pas avant 1234. Entretemps, Kuchlug, chef déchu des Naiman fuit vers l’ouest et s’approprie l’état des Kara-Khitans (Liao), allié occidental de Gengis.
Voyant son armée amoindrie après 10 années de campagnes contre le Xia Occidental et Jin, Gengis n’envoie que deux tumen contre Kuchlug, heureusement dirigés par un jeune général talentueux, Djebé. Des agents mongols provoquent une révolte civile, permettant à Djebé d’investir le pays. Kuchlug, dont l’armée est anéantie à l’ouest de Kachgar, est capturé puis exécuté. En 1218, l’empire mongol s’étend à l’ouest jusqu’au lac Balkhach et atteint le voisinage de Khwarizm, un état musulman allant de la mer Caspienne à l’ouest jusqu’au golfe Persique et à la mer d’Arabie au sud.
En 1218, Gengis envoie des émissaires dans une province orientale du Khwarezm aux fins de pourparlers mais ils sont exécutés. Il réplique en envoyant 200 000 hommes et en 1220, le Khwarezm est vaincu.
La campagne finale
L’empereur du Xia Occidental ayant refusé de prendre part à la guerre contre le Khwarezm, Gengis lui promet un châtiment. Alors qu’il est en Iran, le Xia Occidental et Jin s’allient contre les Mongols.
Gengis a choisi son troisième fils Ögödei comme héritier et établit une méthode de sélection de ses sous-chefs spécifiant qu’ils doivent provenir de sa descendance directe. Dans un même temps, il étudie les rapports de ses espions sur le Xia Occidental et Jin et prépare une force de 180 000 hommes pour sa nouvelle campagne.
En 1226, Gengis Khan attaque les Tangoutes sous le prétexte qu’ils hébergeaient des ennemis des Mongols. Tout au long de l’année, il s’empare des villes de Heisui, Gan-zhou et Su-zhou, Xiliang-fu, Ling-zhou puis traverse le Fleuve Jaune et anéantit le reste de l’armée tangoute. Un alignement de cinq étoiles est observé le soir de cette bataille.
En 1227, Gengis attaque la capitale tangoute et s’empare de Lintiao-fu, puis Xindu-fu, puis les préfectures de Xining et de Deshun. Il se dirige vers la montagne Liupanshan et décrète que les Mongols ne doivent plus tuer aveuglément, conformément à la parole qu’il avait eue un an auparavant, lors de l’alignement des cinq étoiles.

Extension maximale de l’empire mongol
En 1227, sur son lit de mort, Gengis Khan expose à son plus jeune fils, Tului, les plans qui seront plus tard utilisés pour achever la destruction de l’empire de Jin.
Son corps est ramené en Mongolie. Sur le chemin du retour, son escorte tue tout témoin du cortège afin que le lieu de sa dernière demeure reste secret. Ce lieu n’ayant pas été découvert, le mausolée de Gengis Khan n’est en fait qu’un cénotaphe.
Le nouvel empereur de Xixia se rend aux Mongols. Les Tangoutes capitulent officiellement en 1227, après 190 ans d’existence.
« Celui qui n’obéit pas au Iassa perd sa tête. […] De même qu’il n’y a qu’un dieu invisible dans le ciel, il n’y a qu’un maître sur la terre, c’est moi, Gengis Khan. […] Le devoir des Mongols est de venir quand j’appelle, d’aller quand j’ordonne, de tuer qui j’indique. […] Le plus grand bonheur du Mongol est de vaincre l’ennemi, de ravir ses trésors, de faire hurler ses serviteurs, de se sauver au galop de ses chevaux bien nourris, de se servir du ventre de ses femmes et de ses filles comme de couches et de prendre plaisir à leur beauté… »
Famille
Temujin a 3 frères et 1 sœur : Khasar (frère) Khajiun (frère) Temüge (frère) Temülen (sœur).
Avec Borte, il a eu 4 fils : Jochi (1185-1227) (paternité douteuse) Chagatai (-1241) Ogedei (-1241) Tolui (1190-1232).
Tous ont participé aux campagnes de Gengis et sont devenus Khan mais c’est Ogödei qui est devenu Grand Khan.
Gengis Khan est doté d’une ascendance qui est en partie légendaire, notamment en ce qui concerne son aïeule Alan-Qo’a (Garance la Belle).
” L’Histoire secrète des Mongols” (épopée racontant la vie de Gengis Khan écrite peut-être en 1228) raconte qu’ Alan-Qo’a eut deux fils de son époux légitime Dobun-Mergen (Dobun le Bon Viseur). Après le décès de celui-ci, sans avoir eu de rapports avec un autre homme, elle eut trois autres fils. Pour faire face à la défiance de ses deux premiers fils, elle leur fit ce discours :
“Vous mes fils, vous parlez entre vous et me soupçonnez : ces trois enfants qui me sont nés, de qui et de quel clan sont-ils les fils ? Vos soupçons sont compréhensibles.
Chaque nuit un être à la peau jaune clair entrait par la clarté filtrant par l’ouverture à fumée de la yourte. Il frottait mon ventre et sa lumière pénétrait mon sein. Quand il sortait, c’est en rampant, tel un chien jaune sur un rayon de lune, qu’il sortait. Comment pourriez-vous parler d’eux à la légère ! Pour qui en saisit le sens, voilà un signe qu’ils sont fils du Ciel. Comment les comparer aux hommes à tête noire ! Quand de tous ils seront les Rois, alors les manants comprendront.”
C’est donc à juste titre que l’on pourrait appeler Alan-Qo’a : la Sainte Vierge des Mongols !