Le Kirghizstan
Ma première image du Kirghizstan, je l’ai eue en survolant le pays.

Dans les airs – Kirghizstan
Les pics enneigés… me suivront partout, où que je sois, je les verrai ! C’est l’image d’Epinal du Kirghizstan !
Du quoi ?! Mais attends, t’es où ? Au Kirghizstan ? C’est où sur la carte ? Y’a pas la guerre là-bas ? Les gens ne savent pas où c’est mais ça inspire la guérilla ! Pourtant, c’est très calme ici 😉
Pour la petite leçon de géographie…l’Asie centrale se situe ici 😉

Au sud du lac Yssik-kul – Kirghizstan
Pourquoi ce choix d’itinéraire ? Parce que justement, on ne connaît pas grand chose de ces pays-là et parce que je voulais suivre la fameuse route de la soie… Le Kirghizstan, comme ses pays voisins d’ailleurs, est simplement un pays méconnu d’Asie centrale. Qui dit inconnu dit peur… mais la peur n’existe que pour ceux qui sont chez eux, moi ici, je me suis sentie très bien tout de suite 😊 surtout autour de ces messieurs avec leurs kalpak, le bonnet national assez rigolo.
Le Kirghizstan, c’est :
- des gens au grand cœur !
- un accueil et une bienveillance incroyables !
- une culture & des traditions similaires dans tous les pays d’Asie centrale,
- une religion musulmane,
- 95 % de montagnes,
- 90 % du pays se situe à plus de 1 500 mètres d’altitude,
- 5,5 millions d’habitants dont 1 million vit à Bishkek (le pays est 5 fois plus grand que la Suisse),
- très peu urbanisé!
- le plus petit pollueur à la fin des années 1990,
- moins de 10 % du pays est cultivable,
- le plus grand lac d’Asie et le second plus grand au monde après le lac Titicaca !
- un témoin de la route de la soie,
- un pays qui faisait partie du bloc soviétique jusqu’à ce qu’il s’effondre en 1991,
- un pays plutôt propre (comparée à la Mongolie et aux pays précédents) 😉
J’ai aussi appris beaucoup en voyageant, je connais maintenant plein de drapeaux et leur signification ! Celui du Kirghizstan a 40 rayons de soleil qui réfèrent aux 40 chefs de tribus kirghizes. Les séries de lignes représentent le toit de la yourte vu du ciel – regardez ça 😉
Le soleil fait référence à l’unité du peuple : un mythe affirme que les chefs de tribus, malgré leur tension interne, soutenaient tous Manas, un poète kirghize. La structure de la yourte qui soutient l’habitat entier renvoie aussi au maintien et à la cohésion des Kirghizes.
J’ai atterri à l’aéroport de Manas, à Bishkek la capitale du Kirghizstan ! Je retrouve la streetfood, les bus low cost (12 centimes d’euros par trajet), les gens souriants, ouverts, qui viennent me parler, me demandent si j’ai besoin d’aide, s’ils peuvent m’aider – à trouver l’endroit où je veux aller, à téléphoner à quelqu’un – qu’ils aient 10 ou 20 ans, je retrouve une atmosphère qui m’a manqué en Mongolie 😊 Les gens aident sans rien attendre en retour, partout au Kirghizstan – et même plus, souvent, ils m’invitent à manger !
Manas est un nom que j’aurais entendu prononcer par plusieurs personnes. J’ai même vu sa statue sur la place Ala-too de Bishkek. Qui connaît le Kirghizstan, connaît Manas ! Mais qui est-il finalement ?
Qui est Manas ?
« Le Manas » a été inscrit en 2009 par l’UNESCO sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ! C’est une épopée, une œuvre littéraire collective monumentale, issue de la tradition orale du peuple kirghize. Il en existe au minimum 75 versions, complètes ou fragmentaires, dont le premier écrit date de 1856. Les versions longues comptent plus de 500 000 vers ! Il y a 20 fois plus de vers que dans l’ « l’Iliade » et « l’Odyssée » ! L’épopée raconte les aventures de 3 héros principaux : Manas le noble, « le héros de référence, guide et unificateur des Kirghizes, fort, parfois cruel et rusé, mais généreux et loyal » 😉 ; Semetey, son fils et Seitek, représentant de la troisième génération. Certains récits vont jusqu’à la 8ème génération ! Le thème central : la lutte d’indépendance des nomades kirghizes contre les Chinois, sous dynastie mongole, ce qui les amène à marcher sur Pékin. L’épopée nécessite plusieurs jours pour être racontée en entier : il existe des conteurs, les manastchi, chargés de la réciter lors des mariages, les naissances ou les assemblées de chefs politiques. Ils relatent souvent « avoir vu les personnages leur apparaître en songe » pour leur demander de chanter l’histoire de Manas ! C’est à mi-chemin entre la récitation poétique et le chant. « Manas est une encyclopédie, une collection de contes, d’histoires, de légendes, de savoirs géographiques, religieux et intellectuels […] Manas est la création du peuple dans son ensemble ; c’est une épopée populaire, une sorte d’Iliade de la steppe », ethnographe kazakh Chokan Valikhanov, 1856
Le kirghize en tant que langue écrite n’existe que depuis 1924, la culture nomade ayant favorisé le développement d’une tradition orale faite de poèmes et de chansons épiques. Manas serait la plus importante des épopées kirghizes et circulerait oralement depuis plus de 1000 ans ! L’histoire regorge d’informations sur les modes de vie nomades, les traditions et croyances ancestrales kirghizes, leur mœurs, leur économie, les normes éthiques, les conceptions religieuses, etc… et revêt parfois un caractère mythique (un épisode met en scène Manas buvant le sang de ses ennemis pour absorber leur puissance). Le président Akaïev, premier président après la chute du bloc soviétique, a décidé que l’épopée devait être enseignée dans toutes les écoles kirghizes. Les enfants apprennent les 7 commandements de Manas : patriotisme, unité de la nation, coopération internationale, défense de l’Etat, humanisme, harmonie avec la nature et aspiration à la connaissance. Manas existe maintenant en BD, en contes pour enfants, est adapté au cinéma ou à l’opéra. Avec la sortie d’une chanson chantée par une femme, le conte prend une nouvelle dimension pour délivrer un message urgent sur la nécessité de préserver la nature incroyable du pays et son patrimoine nomade ! |
A Bishkek, tout le monde parle anglais. Dans toute la partie nord du pays, l’anglais et le russe sont majoritaires – certains ne parlent même pas kyrgyz !

Bishkek – Kirghizstan

Bishkek – Kirghizstan
Avant de rencontrer des locaux, j’ai rencontré un Turc, Gokhan, par couchsurfing : on a discuté pendant 3 heures, de la position de la Turquie et des Turcs par rapport à l’Europe, à l’Asie centrale, c’est un vrai pays tampon, c’était très intéressant ! Au Kirghizstan, il y a une très grande communauté de Turcs : ils y habitent, y investissent, il y a des jardins d’enfants et des universités construits et gérés par eux. Ils enseignent le turc, c’est a priori similaire au kirghize et en plus de les ‘accueillir’, les Kirghizes leur sont reconnaissants de toutes les structures et des projets qu’ils mettent en œuvre ici !
Il faut savoir que depuis la chute de l’URSS, en 1991, les pays de l’ex-bloc soviétique se sont soudainement retrouvés indépendants et ont perdu beaucoup d’avantages : ils ne partageaient plus leurs ressources comme l’eau, le gaz… Certains villages étaient dotés de l’électricité sous l’ère soviétique et l’ont perdue : encore aujourd’hui, certains villages d’Asie centrale n’ont pas accès à l’eau courante ni à l’électricité (la preuve ici) !

Bishkek – Kirghizstan
J’arrive dans la première famille couchsurfing, je me perds au milieu des immeubles mais tout le monde m’aide et me demande « Adcouda » (en russe, d’où viens-tu) et je réponds « y’a fransouska » et s’ensuit une petite conversation, mon russe en est à ses balbutiements…!

Bishkek – Kirghizstan
J’ai discuté avec le père de famille pendant 3 heures sans voir le temps passer. Il n’a pas commandé à manger alors la maman l’a disputé pendant qu’elle lavait leurs 3 enfants : partout dans le monde, c’est le même scénario, c’est rigolo ! Dans une autre famille, le mari a fait brûlé le barbecue parce qu’il regardait un match de foot et sa femme l’a engueulé : c’est chez tout le monde pareil !
Toute la famille est géniale ! Ils m’ont raconté beaucoup de la culture kirghize :
- pour respecter l’invité, il doit toujours s’asseoir sur le siège situé le plus loin des portes;
- seules les femmes servent le thé – mais s’il n’y a pas de femme, les hommes se débrouillent seuls (quand même). En présence de la belle famille, l’épouse va servir obligatoirement ; en présence de la famille de l’épouse, c’est normalement à la plus jeune des femmes de servir (sauf si c’est une enfant).
- au Kirghizstan, selon la région, certains regardent dans les yeux en servant le thé alors que d’autres évitent. Ici, pas de thermos comme en Mongolie, mais ils utilisent 2 théières: une où le thé est infusé de façon concentrée et la seconde uniquement remplie d’eau chaude. Ils remplissent une première fois le petit bol de thé pour le remettre dans la théière et servir définitivement.
- après le thé ou le repas, tous les Kirghizes disent « Omin », l’équivalent d’ « Amen » en passant leurs mains sur leur visage de haut en bas ; certains disent que ce n’est pas une prière, ça peut même passer inaperçu, c’est discret et individuellement pratiqué.
Ça ne fait qu’une demi-journée que je suis ici mais qu’est-ce que je me sens bien ! Les gens sont d’une gentillesse et d’une douceur incroyables 😊
Ici aussi, il y a de la viande au lunch et au dinner. Le couple est allé en France et ils n’ont pas compris pourquoi les hôtes mettaient des chips sur la table mais interdisaient aux enfants d’en manger. Pour elle, c’est de la torture psychologique ! Dans leur famille, soit tout le monde se prive, soit tout le monde se fait plaisir mais il n’y a pas de différence.
Dans des bars, j’ai entendu quelques chansons en français de Mika ou Desireless 😉 !

Bishkek – Kirghizstan
C’est parti pour la visite de Bishkek : je vais au Osh bazaar, tout le monde m’interroge dans la rue juste pour savoir d’où je viens et combien de temps je vais rester. C’est agréable d’être considérée 😊 Au marché, je fais le plein de fruits et de kurut, l’unique fromage national au lait de vache (tu as l’impression d’avoir le nez dans les poils d’une vache tellement ça sent la vache mais c’est très bon).

Bishkek – Kirghizstan

Bishkek – Kirghizstan

Bishkek – Kirghizstan

Bishkek – Kirghizstan

Bishkek – Kirghizstan
Un Kyrgyz engage la conversation parce qu’il veut améliorer son anglais, on va au parc…. Et Ruslan, un touriste russe, me fait visiter Bishkek…. On a utilisé uniquement Google translate parce qu’il ne parlait pas un seul mot d’anglais mais c’était agréable et je garderai son souvenir en mémoire : on est d’accord sur Poutine 😉 Il m’a aussi appris que les jeunes Russes commencent à se rendre compte que les réseaux sociaux les contrôlent et que les libertés individuelles sont bafouées… Mis à part Ruslan, tous les Russes rencontrés adorent leur président : je ne doute pas qu’il fait beaucoup pour la Russie (et même pour les ex-pays satellites) mais personne n’est au courant qu’il existe encore des goulags là-bas… Quoi qu’il en soit, les conversations sont toujours enrichissantes et les Russes que je rencontre sont sympathiques 😊
D’ailleurs, les Kirghizes aiment Poutine plus que leur Président ! Les Russes les auraient sauvés d’un conflit avec les Chinois et l’armée russe les aide à lutter contre l’Afghanistan… Le Kirghizstan dépend encore aujourd’hui de la Russie pour certaines denrées alimentaires.
C’est parti pour la grande place de Bishkek, Ala-too où on retrouve le cavalier Manas et une gigantesque statue de Lénine à l’arrière ! Je verrai Lénine partout, en statue de bronze, voire d’or, parfois accompagné de Staline.

Karakol – Kirghizstan

Kochkor – Kirghizstan

Bishkek – Kirghizstan

Bishkek (Manas) – Kirghizstan

Bishkek – Kirghizstan
Pour reconnaître un Kirghize d’un Tadjik ou d’un Ouzbek, c’est facile : les Kirghizes ont des yeux de Chinois. Ils ressemblaient plutôt aux Russes (c’est pour ça que certains aujourd’hui ont des yeux verts) mais depuis l’arrivée de Chingis Khan, ils se sont mêlés et ont des yeux bridés.

Sur la route – Kirghizstan

Rive sud du lac Yssik-kul – Kirghizstan

Rive sud du lac Yssik-kul – Kirghizstan

Karakol – Kirghizstan

Rive sud du lac Yssik-kul – Kirghizstan
Le sens de circulation est comme chez nous mais certaines voitures sont japonaises et ont le volant à gauche (c’est moins cher), les mini-bus sont fabriqués en Belgique 😉 Du coup, au péage, le conducteur est souvent du mauvais côté pour payer !
Selon moi, le Kirghizstan a des airs européens. Peut-être parce que je viens de Mongolie et du Népal ? J’ai trouvé le Kirghizstan développé. C’est la première fois que je vois un grand centre commercial (avec des escalators et tout et tout !), les routes sont plutôt bonnes (ça, c’est uniquement vrai pour la partie nord) et je ne renie pas le côté nature du pays, il est évident mais j’ai senti un petit air européen malgré tout 😉 (J’ai quand même rencontré 2 Français qui m’ont dit que j’étais un peu décalée… ce qui est vrai, après avoir vu les autres pays d’Asie centrale, je constate que c’est un des pays les moins développés finalement 😉 )
Ma famille de Cholpon-Ata
Ils sont aussi adorables que la famille de Bishkek ! On discute beaucoup 😊 Ulan, le mari, connaît Napoléon, Desireless, Bonnet M, Macron… A la fin du mois, je découvre que les Kirghizes écoutent des chansons françaises : Mylène Farmer, Vanessa Paradis, Mireille Mathieu, Joe Dassin ! Ils connaissent « bienvenue chez les ch’tis » et tous les films « Taxi » avec Sami Naceri !
J’avais hésité à venir au nord du lac d’Yzzyk-kul parce que c’est une station balnéaire mais la famille était tellement excitée à l’idée de me rencontrer que j’y ai finalement fait halte – c’est aussi le but de mon voyage, rencontrer les locaux 😊
Ils ne me lâchent pas et m’emmènent partout : aux sources d’eau chaude, aux pétroglyphes, au marché local, au musée…

Cholpon Ata – Kirghizstan

Cholpon Ata – Kirghizstan

Cholpon Ata – Kirghizstan
Ils sont trop marrants, ils se chamaillent tout le temps, Ulan ne parle pas anglais et dit que sa femme traduit mal ce qu’il veut dire… on rigole beaucoup !
Le lendemain, on tue un mouton ! Ce n’est pas encore la fin du ramadan mais on célèbre la fin des travaux de leur hôtel (oui, ils ont un hôtel pour les Kirghizes et les Russes et utilisent couchsurfing pour les étrangers !). Je ne vous avais pas dit qu’ils étaient d’une hospitalité exemplaire 😉 ?
J’ai connu le mouton avant sa mort, cette fois ! Ca mérite une petite vidéo 😉
Contrairement à la Mongolie où tous mangent un bout de foie cru, ici, on le jette avec le sang.
J’ai même enlevé moi-même la peau du mouton ! Je crois que je ne crains plus rien maintenant.

Cholpon Ata – Kirghizstan

Cholpon Ata – Kirghizstan

Cholpon Ata – Kirghizstan
Chaque invité va recevoir un bout, plus ou moins gros et plus ou moins important. Le meilleur est la queue, faite uniquement de gras, qui reviendra à la belle-mère qui vient de Bishkek.
Le plus jeune des fils a la tête du mouton. La moitié sera découpée et servie aux enfants, l’autre partie, il la mange et doit donner les yeux à quelqu’un, ce qui signifie « je veux te revoir » ; je réponds alors à sa femme que l’œil va lui revenir. Elle me répond « oh, non je ne suis QUE sa femme » ! Voilà qu’il me met l’œil dans la main… quelle horreur, je lui ai rendu (dans la panique…).
On mange le « bêche barmak » ce qui signifie 5 doigts parce qu’on le mangeait autrefois avec les mains : on mange donc le mouton, des pâtes et du bouillon. Il y aura toujours sur la table : des fruits, une salade de tomates et concombres, des œufs, des tranches de mortadelle et de la confiture de fraises ! Toujours ! C’est la nourriture la plus européenne 😉 et la plus équilibrée que j’ai trouvée jusqu’à présent.
Ils m’ont dit après qu’ils avaient fait le bech barmak spécialement pour moi, pour me montrer la tradition kirghize 😀 Ils sont adorables. Le courant passe très bien, je me sens comme à la maison même si je suis dans une chambre d’hôtel. On discute beaucoup, ils ne me laissent pas seule plus d’1 heure.

Cholpon Ata – Kirghizstan
Elle adore aider les gens, elle me parle de sa vie, de son espoir de voir ses enfants vivre à l’étranger. Elle s’est mariée à 27 ans, c’était déjà très vieux et elle l’a fait à cause de la pression sociale. Elle me dit avec amertume : « si c’était à refaire, j’aurais une vie complètement différente, je ne serais pas ici. Tout ce que j’aime maintenant, c’est mes enfants. C’est pour eux que je suis encore là ». Tu peux cliquer ici si tu souhaites te documenter sur le mariage forcé ou encore sur le kidnapping puisque c’est une pratique encore courante ici…
Je retrouve déjà pas mal de similitudes avec l’Inde :
- on boit aussi du chaï toute la journée ici et parfois avec du lait (mais sans épice),
- à 25 ans, tu es déjà vieux pour te marier et ta famille et ton entourage mettent la pression pour trouver un mari,
- le plus vieux doit se marier d’abord – autrement il faut que l’aîné célibataire donne son accord 😉,
- le Kirghizstan a le même taux de change qu’en Inde !
- quelqu’un m’a même dit : « pourquoi je payerai des études à ma fille puisqu’elle va finir à la maison à enfanter, ce n’est pas rentable et elle n’a pas besoin d’être instruite pour ça ! ».
- les enfants m’appellent Sarah edgé (sœur) (en Inde, ils ont aussi une expression pour ça),
- le plus jeune des fils vit avec les parents et les aînés vivent uniquement avec leur femme et enfants. Elle m’a dit que « depuis qu’on ne vit plus avec mes beaux-parents, je revis, ce qui n’est pas le cas de ma belle-sœur ». Je la sens vraiment soulagée !
- les hommes écoutent leurs mères, jamais leurs femmes 😉 !
- il y a eu des gens qu’elle ne connaissait pas à son mariage parce que ses parents font la liste des invités. Ils ont été invités il y a 15 ans au mariage de leur enfant alors ils renvoient l’invitation !
- la femme mariée ne peut aller voir sa famille qu’après que la famille du mari ait reçu ses parents officiellement et si le mari est d’accord pour qu’elle y aille seule…
- la femme doit se marier à un Kirghize mais l’homme peut se marier avec une femme d’une autre nationalité : russe, kazakh, chinoise, ouzbék, etc. Ah les droits de la femme…
Il est temps de dire au revoir à cette famille… jusqu’à la prochaine fois puisqu’ils m’ont réinvitée pour que je puisse voir les Nomad games.
Karakol et le Ramadan
J’ai attendu devant la maison de la famille de couchsurfing pendant 2h30 mais j’ai été bien occupée puisque les enfants des voisins sont venus me tenir compagnie : je me suis débarrassée du bout de mouton qu’Oulan m’avait donné en partant… Et elles sont même allées me chercher de l’eau à la rivière… heureusement que j’ai un filtre !

Karakol – Kirghizstan
Ils sont musulmans certes mais sont assez fiers de dire qu’ils ne sont pas des musulmans comme les Arabes ! Ici, on est des « soft muslim ».
La seule règle respectée : ne pas manger de porc. On n’en trouve d’ailleurs pas. Mais par contre, pendant les 2 semaines de ramadan où j’étais au Kirghizstan, je n’ai vu personne faire le ramadan ! Tout le monde mangeait ! Et tout le monde boit de la vodka (environ 7 shots par repas, au moins !!).
Peu de personnes font le namas, les prières 5 fois par jour. Parfois, on me dit : « je suis une femme traditionnaliste, je ne suis pas une femme musulmane ! ». Je ne saurais pas expliquer la différence entre les traditions du pays et les traditions musulmanes… mais les femmes kirghizes rêvent d’égalité (choisir quand se marier et avec qui, choisir d’avoir des enfants (les parents de la femme de couchsurfing leur a dit d’en faire, elle n’en voulait pas). Mais d’un côté, elle se bat avec sa belle-sœur parce qu’elle devrait mettre des manches longues et se couvrir les cheveux en présence de son beau-père, par tradition bien sûr 😉
J’ai croisé des femmes qui faisaient le namas, ceci dit : je faisais du stop et on s’est arrêtées pour manger dans une yourte au bord de la route et elle a prié ici 😊
Depuis 1991, c’est la première fois que le président a jeûné pour le ramadan.
Pour en célébrer la fin, l’objectif est de manger le plus possible ! On fait la tournée du voisinage et tu as l’obligation de manger ce qu’il y a sur les tables. C’est juste gargantuesque !

Karakol – Kirghizstan

Karakol – Kirghizstan

Karakol – Kirghizstan

Karakol – Kirghizstan

Karakol – Kirghizstan
Il y avait principalement les mêmes choses partout : fruits, pain frit, confiture, thé (bien sûr), gâteaux, salade de carottes, de tomates/concombres, biscuits, etc…
Seules les femmes servent le thé. Les hommes récitent quelques passages du Coran en arabe même s’ils n’en comprennent pas les mots. Même les jeunes garçons commencent à réciter !

Karakol – Kirghizstan

Karakol – Kirghizstan
Il y a les hommes d’un côté et les femmes de l’autre. Même les garçons sont séparés des fillettes ! Quelle disparité ! Toutes les femmes ont les cheveux couverts – ou la tête entière selon le degré de croyance.
Le village n’est pas le plus beau du pays mais 2 visites sont à privilégiées : une mosquée en bois construite par les Chinois en 1907 (la couleur rouge éloigne les démons, le jaune accroît la santé et le vert apporte la joie) et une église russe orthodoxe également en bois.
J’étais venue à Karakol pour aller au lac Ala-kul. L’été est en retard de 4 semaines : j’ai quand même voulu essayer et je suis allée au camp de base (15 kms de marche) mais j’ai rencontré un groupe qui m’a dit qu’il y avait de la neige jusqu’aux genoux et certains d’entre eux ont abandonné à 100 mètres du sommet. Comme il a plu et neigé dans la nuit, j’ai pensé qu’il était préférable de ne pas y aller 😉 J’ai refait les 15 kms retour sous le soleil 😊 On ne peut rien contre les aléas climatiques…

Karakol – Kirghizstan

Karakol – Kirghizstan

Karakol – Kirghizstan

Karakol – Kirghizstan
Le lac Yssik (kul)

Eky-Naryn – Kirghizstan
J’ai poursuivi mon trip autour du lac d’Yssik, j’ai sillonné toute la partie nord : cap au sud maintenant, en stop : j’ai commencé à en faire et ne me suis plus jamais arrêtée ! Ca marche trop bien ! J’ai dû être prise par plus de 40 voitures, sur plus de 1 000 kilomètres, que ce soit des tracteurs, des camions, des voitures de l’ère soviétique ou des Audi, le stop marche du feu de Dieu ici !
Je suis allée à Jéti-Oguz où j’ai vu la montagne de gré appelée «7 taureaux» derrière laquelle se cache une légende. Un Khan s’était fait voler sa femme par un autre Khan et un sage lui a conseillé de tuer sa femme pour se venger. Lors d’un rassemblement qui consistait à massacrer 7 taureaux, le sage tua donc sa femme : son sang a emmené les taureaux plus loin dans la vallée, ils se sont immobilisés et sont devenus ces roches rouges.

Jeti – Oguz – Kirghizstan
De la route, on peut aussi voir que 2 roches forment un cœur brisé : c’est le cœur d’une femme qui est morte le cœur brisé parce que 2 prétendants se battaient pour elle…

Jeti – Oguz – Kirghizstan
J’ai ensuite été suivie par une Kirghize qui voulait aller à une chute d’eau – mais pas seule… pourquoi pas, allons-y ! C’était sympathique même si elle ne parlait pas un mot d’anglais et qu’elle prenait sa tension toutes les 30 minutes 😉

Jeti – Oguz – Kirghizstan
J’erre de villages en villages, tout doucement, en suivant les rives du lac, quand un village est joli, je m’y arrête. Plusieurs fois par jour, les Kirghizes me demandent d’où je viens, si je suis seule, ils sont hyper souriants et s’ils peuvent m’aider, ils le font. Leur hospitalité n’a aucune limite. Ils ont un grand cœur ! Beaucoup de conducteurs qui me prennent en stop m’invitent au moins à boire le thé sur la route avec eux 😊
J’ai poursuivi ma route jusqu’au canyon de Saskya, il y a comme un air américain au Kirghizstan ! Une petite cabane fait office de caisse, le type me demande mon âge, sourit et dessine un cœur par terre… Il va vite en besogne ! En tout cas, le flirt est assez soft ici, ça fait plaisir parce qu’après le Sri Lanka et le Népal, j’en avais marre pour être honnête.

Saskya Canyon – Kirghizstan

Saskya Canyon – Kirghizstan

Saskya Canyon – Kirghizstan

Saskya Canyon – Kirghizstan

Bokonbaevo – Kirghizstan

Rive sud du lac Yssik-kul – Kirghizstan
La rive sud du lac est magnifique, je prends mon temps ! Je fais du stop pour aller à un lac salé (oui, on y flotte bien 😉) et j’ai été prise par 5 copains kirghizes de 35-40 ans… Ils m’offrent à manger, à boire : la vodka est la boisson nationale « tchou tchou : un peu un peu ». L’un d’entre eux ne parle pas anglais, il dit seulement « angry bird » et un autre habite en Allemagne (ils n’arrêtent pas de lui dire : ein, zwei, drei, polizei), un autre en Russie et l’autre au Kirghizstan mais est bilingue italien. Après notre bain de boue au lac, ils m’ont invitée à rester avec eux jusqu’au lendemain soir : ils m’ont tout payé, les sources d’eau chaude, l’hôtel, la nourriture : j’ai goûté la viande de cheval… C’était ici et maintenant ou jamais je n’aurais d’autre d’occasion (de dire oui) et c’est là que le goût m’a rappelé la Mongolie, j’ai dû déjà en manger sans le savoir ! Je n’en remangerai pas, ce n’est pas si transcendant 😉 ! Comme celui qui conduit invite tous ces amis en road trip dans sa région, il m’a invitée aussi. Ils étaient adorables, on a bien rigolé… ! Ça mérite une petite compilation 😉
L’un d’eux me dit qu’il connaissait sa femme seulement depuis 3 mois quand ils se sont mariés ! Son père lui a demandé si ‘cette fille l’intéressait’, il a dit oui, et hop, marié 😉
On va manger chez un oncle (les Kirghizes ne me posent jamais de questions directement mais demandent toujours à la personne qui m’accompagne : mon nom, profession, âge, nationalité, comment je trouve leur pays, etc…) et ils veulent m’installer sur des coussins, je leur dis que je ne suis pas une princesse et ils me répondent « tu n’es pas une princesse, tu es notre reine » : Olala ! Ils changent ma chaise parce que le pied est bancal, ils me donnent leur serviette après m’être baignée, ils intervertissent les chambres parce que je suis avec celui qui ronfle… Qu’ils sont gentlemen !
Je les quitte et me dirige vers 2 lacs dans le centre du pays. Le Kirghizstan est aussi connu pour le nombre incalculable de ses lacs 😉
Les lacs Ukyok et Son kul

Lac Ukyok – Kirghizstan
J’ai visité 2 lacs, dont un est méconnu, Ukyok. Je suis toujours en mode « dépense au plus bas » donc je pars de Kochkor à pied. Après 7 kilomètres de marche, un orage se prépare, ça se sent et je demande refuge dans une yourte : ici encore, on me donnera à manger et je me suis sentie obligée de boire leur boisson nationale puisqu’on me l’a servie… du lait de jument fermenté ! Beurk, je n’aime pas du tout !!
Après 5 heures de marche, j’arrive à la yourte où il y a 2 Français. Comme d’habitude, quand je vois des touristes, je ne suis pas emballée du tout mais il s’avère que je me suis marrée comme jamais je le fais avec des Européens ! Un couple d’amis trop drôle… c’est peut-être notre humour belge qui nous a rapproché parce qu’ils ont étudié 6 ans là-bas ! On a discuté, joué, rigolé (sauf quand Gra a eu un gros problème de chaussures ! passablement résolu par l’esprit pratique d’un cavalier kirghize). Ils m’ont même offert à dîner en rentrant et plein de chocolat ! Merci à eux et j’espère les recroiser sur ma route un jour ! 😉

Lac Ukyok – Kirghizstan

Lac Ukyok – Kirghizstan

Lac Ukyok – Kirghizstan

Ukyok – Kirghizstan

Son Kul – Kirghizstan
Le second lac sera Son Kul, le plus connu après Yssik Kul… mais celui que j’ai le moins aimé. Comme il y a 2 cols à 3 500mètres, je décide d’y aller à cheval ! Je fais du stop, encore, je suis prise par un tracteur ! Je m’arrête sur la route puisqu’il y a des yourtes avec des chevaux et je demande directement au propriétaire si je peux en louer un : oui, avec un guide (c’est obligatoire, personne ne vous laissera un cheval…). C’est parti ! le guide a 19 ans et m’enseigne le nom de tous les animaux et des parties du corps en kirghize. Ca a été instructif au moins 😉 Il m’a fait manger la tige d’une fleur qu’on appelle ‘ichrine’ : je mange tout ce qu’on me donne !
J’ai été un peu déçue du lac même si c’est un incontournable… C’était joli mais je préfère Yssik kul de loin et même Ukyok, plus sauvage et vraiment au pied des montagnes.

Son Kul – Kirghizstan

Son Kul – Kirghizstan
Après ces 2 jours à cheval, je vais en stop jusqu’à Tokmok : il y a des chameaux sur la route ! Le chauffeur veut m’inviter à manger mais je refuse, du coup il revient avec un café ! (mince, si j’avais su, j’aurais préféré le dîner parce que je n’aime pas le café… mais c’est quand même meilleur que le lait de jument, je m’estime heureuse 😉).

Son Kul – Kirghizstan

Son Kul – Kirghizstan

Son Kul – Kirghizstan

Son Kul – Kirghizstan
J’arrive chez mon couchsurfing, une fille, qui s’avère être d’une saleté certaine, pour voir la tour de Burana. J’attends 3 heures parce que chaque fois, les gens m’affirment qu’il y a un bus toutes les heures mais j’en ai marre, il fait chaud, je fais du stop et en 2 temps 3 mouvements, je fais l’aller-retour ! Rien de plus simple ! C’est drôle de voir les gens fumer dans leurs voitures alors que c’est nous c’est presque révolu 😉

Tok Mok – Kirghizstan
Il y a un minaret qui comprend encore des traces de bombes. On peut y voir les vestiges de 3 mausolées, témoins d’une ville disparue aujourd’hui, Balasagun.
Une légende dit qu’un roi a construit cette tour pour sa fille parce qu’un sorcier avait prédit sa mort à 18 ans : il l’a donc séquestrée. Elle est quand même morte, mordue par une araignée venimeuse !
Je continue mon périple puisqu’un des objectifs est de suivre la route de la soie. Le Kirghizstan m’offrira de jolis paysages !
La route de la soie dans le sud du pays
Après m’être bien reposée, me voilà partie pour aller sur la route de la soie. Il n’y a aucun transport public et il y a peu de chance d’être prise par un auto-stoppeur… je commence donc à faire du stop pour aller de villages en villages mais la deuxième voiture qui me prend va à Tash Rabat, quelle chance !! Personne ne parlait anglais mais ils étaient tout contents, on s’est arrêtés 3 fois pour faire des photos tous ensemble.

Tash Rabat – Kirghizstan
Je reste 2 jours pour profiter de ce site historique, perdu en plein cœur des montagnes kirghizes à 3 500 mètres d’altitude. Tash Rabat signifie « demeure de pierre » et c’est un lieu chargé d’histoire : cette forteresse date du 15ème siècle et les caravanes de marchands y faisaient halte quand ils suivaient la route de la soie entre la Chine et le lac Yssik kul. Un ancien monastère accueillait les voyageurs chrétiens ou païens. Il faisait 20 m de haut et comprenait 31 chambres.

Tash Rabat – Kirghizstan
J’ai aussi voulu aller au lac qui ne se trouve qu’à quelques kilomètres… Les locaux m’ont dit « tu vois la montagne là-bas, alors ce n’est pas celle-ci, tu tournes à droite puis à gauche puis à droite et tout droit ». Résultat : je n’ai jamais trouvé le fameux lac !
La marche était quand même sympa, le chemin est rempli de marmottes et les familles m’ont invitée à tout bout de champ 😀

Tash Rabat – Kirghizstan

Tash Rabat – Kirghizstan

Tash Rabat – Kirghizstan

Tash Rabat – Kirghizstan

Tash Rabat – Kirghizstan
C’est un endroit où l’atmosphère est différente du reste du pays, peut-être parce qu’il fait frais et que peu de personnes viennent ici. La plupart sont Kirghizes et sont là pour la première fois entre famille ou amis. Pour repartir, j’ai demandé à une adolescente si sa famille pouvait me ramener. Elle saute de joie d’avoir l’opportunité de parler anglais et sa famille m’ouvre la porte de leur yourte pour manger et boire (encore… mais du vin local cette fois-ci : je réalise alors que la France me manque un peu culinairement parlant !). Tout le monde essaye de communiquer, on mange du poulet, des fruits et on dort dans une guesthouse sur la route où un des mecs bourrés vient en pleine nuit demander un bisou… C’est gentil mais non merci !
L’hospitalité des Kirghizes est incroyable ! Certaines voitures s’arrêtent pour me demander si je veux aller quelque part. J’arrive donc à Korshoy pour continuer mon périple des lieux sacrés de la route de la soie. Je visite les vestiges d’une forteresse du 10-12ème siècle. Elle s’étendait sur 8 hectares

Qoshoy Qorgon – Kirghizstan
Qoshoy Qorgon signifie « la forteresse de Korshoy » qui était un proche collaborateur de Manas. Il y a aussi un musée à côté des vestiges, très intéressant 😉

Qoshoy Qorgon – Kirghizstan

Qoshoy Qorgon – Kirghizstan

Qoshoy Qorgon – Kirghizstan
Un groupe d’amis me propose de me lifter, je vous ai dit, le stop ça marche et parfois, je n’ai pas eu la peine de lever le pouce 😉 Ils me donnent de l’eau et des fruits… Je ne l’ai pas précisé avant mais les Kirghizes me nourrissent tellement que je ne me suis acheté à manger seulement 5 fois ici en 1 mois, c’est hallucinant !
Ils auront l’occasion de me prendre 2 fois en stop, c’était une journée assez originale !! Mon épopée mérite quand même une petite vidéo 😉
Je voulais aller à Eky-Naryn mais une tempête de vent et de sable a soudainement soufflé ! J’ai été accueillie comme un petit oiseau tombé du nid par une famille qui ne parle pas du tout anglais mais qui m’a offert le gîte et le couvert, ils ne voulaient pas que je reparte tout de suite. C’est parti, je joue aux voitures avec le tout petit, aux échecs avec les adolescents et je repars avec des chaussons tricotés par la grand-mère : les Kirghizes sont d’un accueil extraordinaire qui est plus que chaleureux. Qu’est-ce que ça fait plaisir 😊

Eky-Naryn – Kirghizstan

Eky-Naryn – Kirghizstan

Eky-Naryn – Kirghizstan
Même leurs cimetières musulmans ont une âme particulière qui m’a touchée 😊

Rive sud du lac Yssik-kul – Kirghizstan

Rive sud du lac Yssik-kul – Kirghizstan
La région de Naryn est appréciée par la plupart des Kirghizes : ils m’ont tous dit que c’était une des plus belles régions montagneuses du pays…
Naryn est aussi connue pour sa rivière parce que ses 535 km jouent un rôle important : toute la région se nourrit de l’eau des glaciers ! Les réservoirs irriguent les terrains agricoles et les centrales hydroélectriques.

Qoshoy Qorgon – Kirghizstan
Les réserves d’eau douce sont une vraie richesse, enviées par tous les pays de la planète ! D’ailleurs, le Kirghizstan vend son eau ou l’échange avec ses voisins, dont l’Ouzbékistan qui lui donne du gaz naturel. Chaque année depuis 20 ans, le pays donne 7 milliards de m3 d’eau.
Mon séjour touche à sa fin, je vais à Bishkek pour prendre un bus pour le Kazakhstan ! J’ai l’impression d’avoir couru partout, ce qui est le cas malgré tout puisque j’ai pas mal sillonné le pays.
Mon périple au Kirghizstan n’est cependant pas terminé puisque je vais revenir dans ce pays 3 fois encore… notamment en revenant du Tadjikistan pour aller voir les Nomads games.
En effet, les paysages de la route de la soie au Kirghizstan sont le prolongement de la route du Pamir qui part du Tadjikistan : les routes sont tout simplement extraordinaires dans les 2 pays !

Sur la route – Kirghizstan
Voici quelques photos de la route qui va donc de la frontière tadjik jusqu’à Sary-Tash au sud du Kirghizstan avec comme décor une vue sur le pic Lénine qui culmine à 7 495 mètres (c’est le 7 000 mètres le plus gravi au monde). Le mouton qui vit ici est chassé et vaut 25.000 $ !

Route de la soie – Kirghizstan

Route de la soie – Kirghizstan
Petit topo sur l’histoire du Kirghizstan
« Remontons au début des années 1990. L’URSS s’effondre et les anciennes républiques soviétiques proclament tour à tour leur indépendance.
Ces nouveaux États doivent alors assumer une nouvelle souveraineté dans un contexte de crise économique et sociale que l’on imagine mal en Occident. La récession est brutale et au Kirghizstan elle est renforcée par le départ de nombreux cadres russes et la rupture des liens financiers et techniques avec l’ancien centre : beaucoup d’industries mettent la clé sous la porte, l’activité économique se fige » |

Rive sud du lac Yssik-kul – Kirghizstan
La Russie incorpore en 1876 le pays à l’empire russe mais la répression a obligé nombre d’habitants à fuir vers l’Afghanistan ou la

Rive sud du lac Yssik-kul – Kirghizstan
Chine. En 1918, au sein de l’URSS est créé un soviet dans la région puis l’oblast autonome Kara-Kirghiz qui, en 1926, va devenir la République socialiste soviétique de Kirghizie : c’était un membre à part entière de l’URSS.
Le Kirghizstan a voté pour son indépendance le 31 décembre 1991 et des élections libres ont été organisées : la capitale retrouve son nom pré-soviétique, Bishkek et le pays est renommé République du Kirghizistan.
Le premier président sera Askar Akayev. Il était de plus en plus autoritaire. Des élections législatives en 2005 ont été dénoncées comme frauduleuses et des troubles ont commencé dans tout le pays. Des opposants au régime sont venus du sud du pays appelant à la démission du gouvernement. La Révolution des Tulipes a commencé ! 15 000 manifestants ont pris d’assaut l’immeuble abritant la présidence après des rumeurs faisant état de la fuite du président Akaïev…

Rive sud du lac Yssik-kul – Kirghizstan

Karakol – Kirghizstan
Un gouvernement intérimaire a été mis en place jusqu’à l’élection d’un nouveau président, Kourmanbek Bakiev.
Les normes démocratiques sont très différentes des pratiques occidentales mais le Kirghizstan a été classé comme le pays le plus démocratique d’Asie centrale par de nombreux observateurs étrangers.
Mais, depuis, le fils du Président a été nommé à la tête d’une Agence pour le développement aux pouvoirs très étendus, qui prend le pas sur le Ministère de l’économie comme sur celui des Affaires étrangères ! Rien que ça 😉
Les ONG de défense des droits de l’homme sont sollicitées. Plusieurs meurtres de journalistes et d’opposants ont défrayé la chronique et provoqué les protestations de l’Union Européenne. Si le Kirghizstan reste pour le moment plus ouvert que ses voisins, il connaît actuellement une dégradation rapide. Il reste classé parmi les pays les plus corrompus au monde.
Une seconde révolution a eu lieu en 2010 suite aux emprisonnements répétés des opposants, et à la main mise sur de nombreuses propriétés du pays par la famille du Président ! Le président et sa famille partent alors en exil et les opposants prennent d’assaut de nouveau les bâtiments gouvernementaux.

Karakol – Kirghizstan

Tash Rabat – Kirghizstan
La 3ème République née (la première ayant existé entre 1924 et 1991 sous l’ère soviétique et la deuxième entre 1991 et 2010), une femme devient
Présidente pour la première fois. Elle doit écrire une nouvelle Constitution parlementaire et organiser de nouvelles élections d’où sortira Almazbek Atambaev, 4ème Président du pays.
En 24 ans d’indépendance, il y a donc eu 27 Premiers Ministres… ça fait beaucoup ! Espérons qu’ils trouvent une stabilité 😊
Le Kirghizstan a été le seul pays au monde à présenter sur le même territoire une base russe et américaine ! Si ça vous intéresse, cliquez ici 😉

Rive sud du lac Yssik-kul – Kirghizstan