La face cachée de l’île Maurice

 

 

L’île Maurice, un endroit paradisiaque… pour tout le monde ?

Nous sommes venues à l’île Maurice invitées au mariage d’un couple d’amis, Charlotte et Veekash, un couple belgo-mauricien. Nous nous sommes octroyées le droit de rester 3 semaines sur l’île pendant notre périple, après tout, nous aussi avons le droit d’avoir des vacances pendant nos voyages … 😉

L’île est l’endroit rêvé, notamment pour venir passer sa lune de miel. Effectivement, les hôtels de luxe ne manquent pas, vous pourrez trouver chaussure à votre pied si cela vous dit de passer une nuit à 5000 euros la chambre. Cette île Maurice sera donc parfaite pour ceux qui en ont les moyens, pour ceux qui iront boire leurs cocktails sur la plage…

D’ailleurs, l’affluence touristique n’est pas sans incidence sur les Mauriciens : les prix sont élevés mais le salaire moyen d’un Mauricien (non expatrié !) est de 300 euros. Evidemment, les expatriés qui s’installent ici ont déjà les moyens de le faire et ont un salaire (je vous laisse imaginer combien de fois) supérieur au salaire moyen national. Il est assez facile de s’installer ici : il faut soit avoir un CDI, soit avoir 300 000 € sur son compte. La corruption étant présente ici aussi, tout se négocie évidemment.

Notre but étant d’entrer en contact avec des locaux, nous avons rencontré quelques Mauriciens et nous avons pu avoir accès à la vie cachée de l’île…

 Qu’en est-il des Mauriciens ? Que pensent-ils de la vie sur l’île ? Nous avons eu la chance d’avoir pu discuter avec plusieurs d’entre eux, qu’ils soient hindous, musulmans ou créoles (nous n’avons pas rencontré de Chinois mauriciens pour compléter notre enquête 😉 ), voici un petit aperçu de leurs ressentis :

  • « C’est une dictature non déclarée : il y a beaucoup de corruption sur l’île. Même la justice n’est pas impartiale ; les juges sont corrompus ouvertement. Quelqu’un est allé en prison pendant 6 mois pour avoir volé des litchis !!»;
  • “La beauté de l’île Maurice va au-delà des mots. Riche d’une verdure luxuriante, de cascades sauvages, d’une faune unique, de montagnes rocheuses, de plages de sable blanc à couper le souffle et de lagons turquoises, c’est une destination de rêve pour les touristes du monde entier. L’île Maurice est devenue l’une des destinations les plus populaires pour les amoureux de paysages différents de leur occident natal.

    L’île Maurice a certes toutes les qualités requises pour s’évader et en faire un petit havre de paix. Cependant, l’île a aussi un paysage multiculturel où vous croisez des gens de différentes appartenance ethnique où les locaux ont été amenés soit en tant qu’esclaves soit en tant que ‘travailleurs libres’. Au fils des générations, cette particularité a formé une palette de couleurs que beaucoup ignorent encore….De villages en villes….de toutes parts se partagent les mêmes valeurs  d’une nation unie….

    Malgré tout, la tension ethnique existe… Loin des rêves partagés par les agences de voyages pour vendre leurs billets et leurs hôtels, l’île Maurice a aussi ses revers…où les riches dominent, où le gouvernement pique dans les caisses de l’Etat, où la corruption est monnaie courante, où votre statut social est votre billet d’entrée dans des sphères inaccessibles et à des postes bien rémunérés…où les mariages arrangés sont aussi toujours au même point… Les Mauriciens sont restés de grands traditionalistes et cela, espérons, changera au fil des générations…bref… L’île Maurice serait bien définie comme un caméléon aux couleurs des saisons et des humeurs”.

 

Par hasard, lors d’un déjeuner, nous avons également rencontré deux femmes, une hindoue et une musulmane et avons été choquées : le mariage arrangé se pratique encore sur l’île, peu importe ta religion et ta caste.

Nous avons discuté des mariages forcés, de leur mariage forcé, pratique encore courante sur l’île. Voici leurs récits :

 

 

Jeune femme hindoue, 27 ans

 

Mes parents ont cherché quelqu’un pour moi. Mon père est sévère. Je suis obligée de me marier.

Les familles ont cherché et se sont réunies 2-3 fois avant de prendre une décision. Ce que je dis ne compte pas. Si on veut divorcer, les parents vont chercher une solution au ‘problème’.

Mon père décide. Il est très dur. Les familles négocient la dot, l’homme donne à la femme, selon la beauté de la femme à marier.

Je le connais à peine. S’il veut me voir, il vient chez moi avec sa famille. Après le mariage, j’emménage chez lui. Vers 24-25 ans, on doit se marier et l’homme doit être plus âgé.

On ne ‘rencontre pas quelqu’un’, ma famille préfère chercher pour moi.

D’abord, les familles se sont rencontrées et moi je l’ai rencontré 2 fois. Sa famille s’est renseignée auprès du voisinage sur mon comportement et ma valeur, c’est la tradition. Ma famille peut même décider de me marier avec un cousin.

Il y a 3 bagues : une pour arrêter la fille (bague rouge), une pour les fiançailles (blanche) et une pour le mariage (blanche). Je serai obligée de mettre les 3, les hommes ne s’approchent pas quand ils voient une femme avec une bague.

La femme doit prendre la religion du garçon. Le garçon peut choisir la fille mais pas l’inverse. Il m’a choisie et je n’ai pas d’autre choix que d’accepter de me marier. Après le mariage, il faudra ensuite faire des enfants (au moins 2) le plus vite possible. « Je vis très mal depuis que tout cela a commencé », nous répète-t-elle depuis le début de notre conversation. Elle devra ensuite arrêter de travailler après le mariage (ou dès que l’accord est trouvé par les familles, si le garçon est jaloux, il peut ordonner à la fille d’arrêter de travailler). « Je ne me sens pas prête à avoir des enfants rapidement mais je dois sauver l’image et l’honneur de ma famille ».

Je ne peux parler à personne, pas même à ma mère.

Quand mon futur mari me demande si je l’aime, je dis ‘oui’ sinon ça va être le début des problèmes pour moi…

Jeune femme musulmane, 33 ans

 

Je l’ai rencontré au cours de badminton où j’allais avec mon père et des amis à lui. Tout le monde était plus âgé, sauf ma sœur, mon mari et moi. On discutait au badminton mais j’ai toujours refusé de sortir boire un café, je n’avais aucune raison d’y aller. Je ne l’aimais pas et je l’ai bloqué sur tous les réseaux sociaux. Il a dit à ma sœur qu’il était amoureux de moi et tout le monde savait, sauf moi.

Un an après, j’ai accepté d’aller boire un café avec lui, il a été transparent et m’a raconté ses qualités et ses défauts. J’ai trouvé en lui quelqu’un de bien. Ma maman m’a dit un jour « c’est facile de trouver quelqu’un que tu vas aimer, mais c’est une chance de tomber sur un garçon qui t’aime d’abord ». Alors j’ai décidé de me marier même si je ne l’aimais pas. L’amour est né après le mariage.  Mon mari me dit souvent « Je t’aime plus que toi tu m’aimes » alors je réponds « c’est parce que tu m’as aimé avant ».

Il est très jaloux, j’ai supprimé mon facebook mais il ne m’impose rien. J’ai eu 8 voitures en 7 ans ; et j’ai renoncé à aller à l’université pour lui. On discute de tout, même du voile. L’homme peut imposer le voile à son épouse mais, nous, on en a discuté et il a accepté que je ne le porte pas. C’est alors l’homme qui prend la responsabilité du fait que sa femme ne porte pas le voile.

Nous ne sommes pas représentatifs des musulmans. Nos familles sont très ouvertes, tolérantes et ouvertes d’esprit.

J’ai déjà refusé de me marier : dans ma famille, on a le choix.

Mon mari a par exemple déjà été fiancé mais la fille a annulé en cours de procédure parce qu’elle ne voulait pas continuer.

 

Il y a aussi des castes chez les musulmans. Ma mère par exemple est de la haute classe (les sourti : les Indiens venaient ici en tant que businessmen) et mon père est d’une classe très inférieure. Ma mère est tombée amoureuse de mon père et a convaincu ses parents de se marier.

Les musulmans de l’île Maurice viennent d’Inde. On peut épouser quelqu’un d’une autre religion s’il se convertit. Mais c’était important pour moi d’épouser un musulman parce qu’il y a dans l’islam des valeurs que je veux transmettre à ma famille.

 

On parlait de la façon dont on envisageait nos vies devant nos familles mais je ne connaissais même pas son métier !

Je me suis mariée car il m’aimait beaucoup et me rassurait. C’est ce que je cherchais chez quelqu’un mais je ne l’aimais pas. Les femmes musulmanes ne vont pas à la mosquée. On ne parle pas arabe à l’île Maurice. Il y a aussi des castes (les Sunnites, les Chiites, etc) mais il y a le mariage inter-caste depuis longtemps chez nous.

 

La dot appelée « mohel » est donnée par l’homme à la femme directement. J’ai demandé 1000 roupies. Je ne l’ai pas épousé pour son argent mais pour ce qu’il était.

 

Un conseil pour toutes les filles de l’île : « il faut se fâcher avec sa famille si elle n’est pas d’accord avec vos choix. Il faut se battre pour ses droits parce qu’on n’a qu’une vie ».

Vous trouverez d’autres témoignages issus d’internet en cliquant ici.

Il n’existe malheureusement que peu d’associations à l’île Maurice concernant la défense des femmes : vous pouvez cliquer ici et .

Une association a été créée par l’ancienne Ministre du droit des femmes, Indira Siddaya, que nous avons eu la chance de rencontrer.

Sa fondation Saaya et notre association oeuvrent pour les mêmes causes : la défense des droits de l’Homme (et plus spécialement de la femme, des enfants et de la famille) et la défense du droit de l’environnement. Une chance pour nous de l’avoir rencontrée, espérons que cette nouvelle collaboration porte ses fruits… au nom de toutes les femmes de ce monde et de la nature !

 

Qui sont les Mauriciens ?

 

Les Mauriciens cohabitent en ‘parfaite harmonie’ en apparence : plusieurs cultures différentes se côtoient : créole, hindoue, française, musulmane ou encore chinoise. L’île Maurice est une vraie auberge espagnole 😉 !

Il ressort des statistiques que les Mauriciens d’origine indienne sont principalement hindous (60 %), tamouls ou musulmans. Les Indiens ont une grande diversité linguistique puisque certains viennent du Punjabi, du Gujarat, d’autres parlent hindi ou tamoul, etc.


Les musulmans représentent environ 20 % de la population.

Les mauriciens chinois sont chrétiens ou bouddhistes.

Les bouddhistes représentent seulement 1 % de la population (il y a les Hakkas qui sont 80 % des sino-Mauriciens, les Cantonnais et les Foukiénois).

Ces différentes religions cohabitent parfaitement, c’est un pays qui respire la tolérance : ici, il peut y avoir une mosquée en face d’une église, sans drame : chacun respecte la religion de son compatriote ! Nous pouvons nous en inspirer.

Par contre, il est évident (je vous renvoie au début de l’article) que les religions « ne se mélangent pas » : les hindous se marient entre eux, les musulmans entre eux et la communauté chinoise aussi…

 

Il y a une importante diversité culturelle et religieuse qui constitue la personnalité de l’île Maurice ! Les fêtes religieuses ici sont le pèlerinage de Maha Shivaratree à Grand Bassin, le Cavadee chez les Tamouls, la procession du Ghoon chez les musulmans et les Mauriciens se retrouvent pour Diwali et au pèlerinage au tombeau du Père Laval à Sainte Croix.

 

Mauritius – Cap Malheureux

Mauritius – Cap Malheureux

 

 

 

 

 

 

 

 

Poème d’André Legallant

LES COULEURS,

Rouge des flamboyants

foyers d’incendie

aux quatre phares de l’horizon

symbole du sang répandu de nos aïeux

Je te nomme fraternité.

Bleu des îles australes

miracle de la mer indienne

qui déferle sur nos côtes

d’éternelles symphonies

Je te nomme fidélité.

Jaune des plages aux sables d’or

que protègent de hauts cocotiers

dont les cimes ruissellent

de trésor du couchant

Je te nomme prospérité.

Vert de nos immenses camps de cannes

debout autour de vieux moulins

qui sentent le sucre et la mélase

le dur labeur en plein soleil

Je te nome fertilité.

Rouge bleu jaune et vert

désormais réunis pour la gloire d’un peuple

sur le chemin de la liberté

plus d’un siécle aujourd’hui

vous porte le salut

 

Chaque couleur du drapeau de l’île a d’ailleurs sa symbolique :

  • Le rouge représente le sang des esclaves
  • Le bleu, la mer
  • Le jaune, le soleil
  • Le vert, la végétation

Les Mauriciens, qu’ils soient hindous ou musulmans, sont, au sein de leur communauté, organisés par castes. Lors d’une discussion intéressante avec la tante d’un habitant, nous en avons appris un peu plus sur les castes dans l’hindouisme :

Il y a 6 castes chez les hindous, citées de la plus haute à la plus basse.

  • Les Kai faisaient partie de la plus haute caste mais, eu égard à leur nombre, ils ont presque disparu.
  • Les prêtres, les Maraz, prient des statuettes. Il en va de même pour les Babouji.

Si une fille de Maraz ne reçoit pas de proposition correcte, elle peut rester célibataire plutôt que de rétrograder de caste. En général, les filles doivent prendre une caste égale à la leur, ou supérieure.

On reconnaît ces castes grâce aux noms de famille : la plupart des Babouji sont des ‘Singh’ et les Maraz sont ‘Sharma’. Ces deux castes vont demander des dots (matelas, lit, armoire, voiture, etc).

  • Viennent les Vaish, prêtres également, mais qui ne croient pas aux statuettes, ils prient directement. La majorité des Vaish de l’île Maurice sont agriculteurs. Les Vaish ne prêtent pas trop attention aux castes, même pour le mariage (à condition que les parents soient d’accord). Dans leur religion, ils disent qu’il ne faut pas parler des castes.
  • Les Koyri et les Rajput sont entre les Vaish et Babouji parce qu’ils prient, statuettes, ou pas. Ils sont assez têtus dans leur façon de penser.
  • Viennent enfin les Doushad et les Chamar qui sont considérés comme appartenant à une caste très basse. A l’heure actuelle, les Doushad et les Chamar sont éduqués.

Les quatre premières castes ne veulent pas vraiment se mélanger avec les Doushad et les Chamar.

 

La tante de Kévin nous a dit que « les mariages arrangés n’existent plus trop de nos jours : il n’y a que 3 de mes frères et sœurs qui ont subi des mariages arrangés. Mais ils pouvaient dire non !

Par contre, je n’ai pas pu parler à mon futur mari avant de faire mon choix ; j’ai simplement discuté avec sa mère qui voulait savoir si je savais déjà cuisiner, ou non. Les filles ne peuvent pas aller chez les hommes avant le mariage.

Avant on ne pouvait pas accepter qu’une fille ne se marie pas mais maintenant une fille peut rester seule et travailler. Par contre, les filles de 30 ans non mariées sont un peu mal vu ici, à l’île Maurice ».

 

L’arrivée des Indiens sur l’île renvoie à l’engagisme, une période noire de l’histoire nationale et mondiale.

 

 

L’Aapravasi ghat, le camp de concentration indien

 

C’est un ancien dépôt d’immigration construit en 1849 pour recevoir les ‘engagés’ à l’île Maurice. L’« engagisme » a été instauré par les Britanniques au 19ème siècle : le principe était de remplacer les esclaves (après l’abolition de l’esclavage en 1833 dans l’Empire britannique) par des travailleurs immigrés.

 

Aapravasi ghat signifie en hindi « lieu d’arrivée des immigrants » auparavant appelé Coolie ghat (qui signifie « salaire » en tamoul). Le site a été classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 2006 car c’est un des rares témoignages du système engagiste au monde. Egalement, le 2 novembre est devenu le jour férié en mémoire aux ‘engagés’.

 

Entre 1834 et 1910, 462 000 engagés sont arrivés à Maurice. La main d’œuvre était issue des communautés africaine, chinoise, comorienne, malgache mais encore du Mozambique, du Yémen ou des Indes.

97% d’entre eux venaient d’Inde dont 40 % issus du Bihar, 31 % du Tamil Nadu, Andhra Pradesh, Karnataka et Kerala, 20 % du Bengale et de l’Uttar Pradesh et 9 % venaient de Bombay.

 

Il s’agissait en réalité d’un esclavage ‘accepté’, d’un esclavage contractuel. Les immigrants s’engageaient à travailler dans les plantations et champs de canne à sucre, dans des conditions précaires.

Le journal de Calcutta a publié à l’époque : « il a été contracté, en présence du principal magistrat de police et 36 coolies indiens, un engagement aux conditions suivantes : Les coolies doivent se rendre à Maurice où ils seront employés comme travailleurs sur une plantation à sucre, où ils resteront l’espace de 5 années, s’ils en sont requis.

Leur passage à Maurice est payé ainsi que leur retour dans l’Inde, dans le cas où ils rempliraient les termes de leur engagement, mais non dans le cas contraire.

Les hommes recevront 5 roupies par mois et les femmes 4 ; mais la proportion du nombre de celles-ci ne pourra être que de 5 sur 30. Elles devront exécuter les mêmes travaux que les hommes, qui consisteront à faire des trous de cannes, à les nettoyer et à les chausser, et à s’acquitter de tous les travaux de l’intérieur de la sucrerie. Leur tâche journalière sera fixée par le gérant de la propriété.

L’un des 36 collies sera employé comme serdar et payé à raison de 10 roupies par mois et sous ses ordres, un sous-chef, un coolie qui recevra 8 roupies par mois ».

 

L’île Maurice est le lieu où le travail engagé fut employé à grande échelle pour la première fois dans le monde contemporain.

Les 2/3 des engagés sont restés sur l’île. 70 % de la population actuelle mauricienne sont des descendants de ces engagés. Cela entraîna la migration de plus de 2,2 millions de personnes à travers le monde !

 

Les immigrants quittèrent leur terre natale pensant accéder à une mobilité sociale et à de meilleures conditions de vie. C’était principalement des travailleurs agricoles qui avaient l’espoir de retourner chez eux, un jour.

Des agents venaient les recruter dans les villages où ils géraient toutes les formalités. Ils étaient payés en fonction du nombre de personnes recrutées.

Au dépôt d’émigration, les émigrants effectuaient un contrôle sanitaire : ils devaient prendre des douches et être auscultés par des médecins locaux (ça ne vous rappelle pas étrangement Auschwitz ?). L’autorisation d’émigrer était donnée avec un laisser-passer et un étui en étain attaché autour du cou.

 

Le temps de navigation était très long. Par exemple :

  • de Bombay aux Antilles : 20 semaines.
  • de Kolkata à Maurice : 19 semaines.
  • de Kolkata à Natal : 12 semaines.
  • de Madras aux Antilles : 10 semaines.
  • de Madras à Maurice : 10 semaines.

Le voyage retour faisait partie des termes du contrat mais en réalité, les travailleurs devaient en payer les charges ! 1/5ième était prélevé sur leurs salaires et si le travailleur décidait de renouveler son engagement, la somme lui était restituée.

En cas de dysenterie ou fièvre diagnostiquées peu avant le départ, l’eau allait être insuffisante. Les personnes étaient alors jetées par-dessus bord et les survivants abattus. Les décédés étaient rejetés à la mer très tôt le matin pendant que les immigrants dormaient.

 

Au début de l’engagisme, les activités n’étaient pas réglementées et donnaient lieu à de nombreux abus : tromperies, mensonges, enlèvements. Une loi de 1842 a établi un contrôle gouvernemental sur l’immigration engagée. Malgré tout, la maltraitance a perduré : confinement forcé, enlèvements de femmes mariées, etc. L’immigration engagée était devenue très lucrative.

Voici le résumé du cadre législatif de l’engagisme, qui a duré plus d’un siècle !

  • 1835 – Première tentative destinée à contrôler les anciens esclaves, les apprentis, les engagés et autres domestiques et ouvriers subalternes ;
  • 1843 – Interdiction des personnes engagées en provenance d’Afrique et d’Asie de travailler dans les magasins et entrepôts ou de prendre part à des activités commerciales ;
  • 1846 – L’engagement calculé en termes de jours de travail effectués et pénalités en cas d’absence pendant les jours de travail ;
  • 1847 – Création de la notion d’ « Ancien » et « Nouveau » immigrants, le ticket d’immigrant et l’enregistrement des anciens immigrants rendus obligatoires ; Un immigrant engagé homme doit compléter ses 5 années de ‘résidence industrielle’. En d’autres termes, l’engagé doit travailler exclusivement sur un domaine sucrier pour toute la durée des 5 ans et n’a pas le droit de travailler pour un autre domaine en parallèle ;
  • 1849 – Les engagés à l’île Maurice ont une durée de 48 heures pour choisir un employeur. La durée des contrats d’engagés est étendue à 3 ans ;
  • 1852 – Restriction du droit des anciens immigrants à employer des ouvriers ; Création de dispositions légales visant à maintenir ces derniers dans les plantations sucrières ;. Création de lois rigoureuses sur le vagabondage et début de la traque des vagabonds ;
  • 1858 – Le déni du droit de l’engagé à choisir son employeur ; Abolition du droit au retour gratuit pour les immigrants engagés à la fin de leur contrat ;
  • 1862 – Durée de l’engagement prolongé à 5 ans ; Les femmes peuvent s’engager pour des petits travaux sur 1 an et s’enregistrer comme ouvriers ; Concept du ticket d’anciens immigrants ; Le système de retenue sur salaire entre en vigueur ;
  • 1863 – Les contrats pour 5 ans doivent être signés en Inde. Si les engagés ne trouvent pas d’autres travail ou ne retournent pas en Inde avant la fin de leur contrat, ils sont obligés de s’engager à nouveau pour 5 ans ;
  • 1864 – Ordonnance qui rétablit que les femmes engagées doivent être employées pour 1 an et s’enregistrer comme ouvrières ; Loi concernant les contrats de service faits dans la colonie avec des immigrants indiens ;
  • 1867 – Une ordonnance consolidant et modifiant certaines lois relatives aux immigrants indiens et autres travailleurs au sein de la colonie et de ses dépendances. C’était la loi la plus répressive : elle restreint la mobilité des engagés et des anciens immigrants engagés. Le système de laisser-passer a été introduit pour les immigrant indiens ;
  • 1878 – Amendement et renforcement des lois relatives à l’immigration et au travail à Maurice ; cette ordonnance abroge certaines mesures draconiennes et oppressives contenues dans la loi travail de 1867 à la suite de recommandations du rapport de la Commission royale de 1875 ;
  • 1907 –Amendement et renforcement des lois de 1878 et de 1889 sur le vagabondage ;
  • 1922 – Loi destinée à confirmer et modifier l’ordonnance sur le travail de 1914. La loi du travail de 1922 modifie et annule 10 ordonnances coloniales se conférant à la main d’œuvre et au vagabondage. Dans cette loi, les contrats de travail d’un an deviennent légaux et la clause pénale est retirée. Les immigrants ne peuvent plus être arrêtés pour vagabondage ou désertion ;
  • 1939 – Cette nouvelle loi au travail remplace celle de 1922, le Bureau du Protection des immigrants devient celui du Ministère du travail et le poste de directeur et inspecteurs sont créés.

 

 

En 25 ans, il y a eu 110 940 doléances contre les employeurs dont 80 000 concernaient le non-paiement ou le retard des salaires.

Après 1834, le sucre représentait 85 % de la valeur totale des exportations de la colonie. En 1955, l’île produisait 7 % de la production mondiale de sucre.

 

 

Champs de canne à sucre et colonisation : résumé du Musée !

La canne à sucre a amené l’esclavage des « coolies ». Au plus fort de son exploitation, les terres arables de l’île représentaient 80 % de sa surface ! Il y a maintenant une petite dizaine de sucreries (contre 250 au 19ème siècle !). L’usine de Beau Plan à Pamplemousse a fermé ses portes en 1999 mais est dorénavant un musée très intéressant !

L’île est indépendante depuis 1968. Maurice a réussi une performance économique remarquable passant d’un pays en voie de développement au statut de pays nouvellement industrialisé. Le pays a opéré des changements structuraux déterminants au cours de ces 30 dernières années afin de s’adapter aux conditions d’une économie moderne.

D’une économie agricole reposant uniquement sur la culture de la canne, le pays a procédé avec succès à la diversification de son économie en développant le secteur textile, le tourisme et les services financiers.

Pendant longtemps, l’économie mauricienne s’est reposée essentiellement sur le secteur agricole. Aujourd’hui, ce secteur ne représente que 6 % du PIB.

Le développement de la culture de la canne à sucre est étroitement lié à l’histoire de l’île et de son peuplement. Introduit de Java au 17ème siècle par les navigateurs hollandais, la canne à sucre servait principalement, à l’époque, à la distillation d’alcool, l’arak.

Le secteur agricole aujourd’hui se tourne de plus en plus vers la diversification de ses activités. La bagasse est ainsi exploitée pour la production d’énergie.

Qu’est-ce que la bagasse ? C’est le résidu des cannes à la fin de l’extraction du jus. Elle est faite à partir de la partie fibreuse de la canne : elle contient 48% d’humidité, 50% de fibre et 2% de sucres. Son potentiel combustible suffit à transformer la canne en sucre. Les usines à sucre se sont rendu compte du potentiel de la bagasse pour produire de l’électricité !

Aujourd’hui, plus de 40 % de l’électricité produite sur l’île provient des centrales électriques des usines à sucre ! Cela a eu des effets positifs sur l’environnement : la consommation de charbon a diminué de 215 000 tonnes et les émissions de gaz carbonique de 650 000 tonnes ! Les émissions de gaz à effet de serre sont donc réduites : bravo l’île Maurice !

La tradition indienne fait du Bengale, à travers des poèmes en sanscrit, une terre à sucre où poussent les cannes à mâcher.

La canne à sucre est une plante vivace dont la reproduction est assurée par sa bouture. Une région tropicale ou subtropicale est nécessaire : il faut de la chaleur et de l’humidité. C’est dans la tige que le saccharose est stocké. Une tige renferme 15 % de fibres, 15 % de sucre (saccharose principalement et glucose). Un pied de canne peut donner jusqu’à 20 litres de jus dont on extrait 2 kg de sucre.

Le premier sucre de canne a été fabriqué en 1694 !

Il y a différentes sortes de sucre :

C’est en apportant les premiers caféiers à Bourbon que les Français, en 1715, prirent possession de l’île Maurice et la nomma « île de France ». Le premier recensement date de 1725 avec 213 habitants (179 blancs et 34 esclaves).

En 1766, l’île passe sous le contrôle direct du Roi de France et compte 20 098 habitants dont 18 100 esclaves.

Au dernier recensement en 1797, on comptait 59 020 habitants dont environ 6 000 blancs, 4000 libres et 49 000 esclaves !

 

Ce qu’on a fait et visité

 

Expériences culinaires

On a goûté quelques boissons :

  • du Slovenska (eau de vie) ; alcool à partir de baie de genévrier
  • du rhum en veux-tu en voilà : rhum 3 ans et 7 ans d’âge élevé en fût de chêne. Du rhum au piment, au gingembre, coco, anis/cannelle, vanille/raisin, litchi, orange, citron, calam…. Liqueur de rhum à la vanille et miel. Aller au Labourdonnais, tant la visite du ‘château’ que la dégustation valent le coup 😊

Mauritius – Labourdonnais

Baudelaire disait de l’île que :

« Au pays parfumé que le soleil caresse… C’était une terre magnifique, éblouissante. Il semblerait que les musiques de la vie s’en détachaient en un vague murmure, et que de ses côtes, riches en verdure de toutes sortes, s’exhalait, jusqu’à plusieurs lieues, une délicieuse odeur de fleurs et de fruits ».

 

Et quelques plats :

  • on a mangé du crocodile au ‘crocodile affamé’ et on a visité le parc Vanille ; il y avait un iguane, des singes, des crocodiles évidemment, des tortues géantes d’Aldabra, des carpes koï, des lémuriens, des cerfs de java, un insectarium, etc

 

Mauritius – Jardin botanique de Pamplemousse

 

 

 

Mauritius

 

 

Mauritius – Parc Vanille

 

Mauritius – Parc Vanille

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • nous avons goûté des oursins ; des ananas et des olives au piment sur la plage… un vrai délice !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous avons eu l’occasion grâce à Kévin de visiter l’île dans ses moindres recoins et de faire beaucoup d’activités :

 

Ile Gabriel, île aux cerfs & parapente

  • on a visité l’île aux cerfs en bateau et on a fait du parapente ascensionnel 😊 C’est l’île principale à visiter, inhabitée donc axée principalement sur les activités touristiques. Vous pouvez aussi aller en catamaran jusqu’à l’île Gabriel, une réserve naturelle assez jolie 😊 Le snorkeling est aussi possible à plusieurs endroits de l’île, n’hésitez pas 😉

 

 

 

Le jardin botanique de Pamplemousse

  • la visite du jardin botanique de Pamplemousse avec un guide restera inoubliable. Voici un extrait vidéo où vous pouvez voir le guide trilingue assez unique en son genre 😉

 

Le jardin s’étend sur 37 hectares et a été créé sous la colonisation française par le gouverneur Mahe de Labourdonnais en 1736 en mémoire au Père de la Nation, Sir Seewoosagur Ramgoolam Botanic Garden de son vrai nom. Pierre Poivre y planta des fruits, légumes et épices du monde entier ! Il y a une collection de plantes exotiques et endémiques provenant des quatre coins du monde. Une partie du jardin est consacrée aux plantes médicinales, indigènes, aux épices et fougères. Il y a aussi 80 espèces de palmiers, certains poussent même à l’horizontal. Le palmier qui est destiné à la consommation du cœur de palmier ne repoussera plus ! Pensez à la déforestation la prochaine fois que vous en mangerez 😉

 

On peut également y voir des nénuphars géants et un lotus sacré. Le château de Mon Plaisir a été construit en 1853 et a été déclaré monument historique en 1951… Allez-y, ça vaut le coup 😉 !

 

 

 

 

 

 

Le mariage de Veekash & Charlotte

  • Le but initial de notre venue ici était de participer au mariage de Charlotte et Veekash, amis belgo-mauriciens que nous remercions de tout cœur de nous avoir invitées à partager ce moment 😊 La cérémonie suivait les règles hindoues et a duré plusieurs jours. C’était un excellent moment ! Le lieu était rêvé et les dîners étaient succulents ! Les mauriciens sont décidément très accueillants 😀 Voici un aperçu de l’événement auquel nous sommes allées en stop (oui, ça fonctionne super bien sur l’île!)

 

 

 

 

 

 

Mauritius – Pointe aux piments, mariage de Veekash et Charlotte

Mauritius – Pointe aux piments, mariage de Veekash et Charlotte

Mauritius – Pointe aux piments, mariage de Veekash et Charlotte

Mauritius – Pointe aux piments, mariage de Veekash et Charlotte

Mauritius – Pointe aux piments, mariage de Veekash et Charlotte

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Grand  Bassin

  • Le lieu hindou le plus sacré de l’île est Grand Bassin situé dans une région montagneuse, dans un ancien cratère volcanique. Il y a des temples dédiés à Shiva, Hanuman, Ganesh… Des milliers de pèlerins se réunissent ici chaque année. L’eau procure sincèrement un sentiment de zénitude.
  • Des statues sont considérées ici comme les plus hautes statues hindoues existantes.

 

Mauritius – Grand bassin

Mauritius – Grand bassin

Mauritius – Grand bassin

Mauritius – Grand bassin

Mauritius – Grand bassin

 

 

 

 

 

Mauritius – Grand bassin

La terre des 7 couleurs

Entre Rivière noire et le Morne, on y cultivait à l’époque le café, l’indigo et le coton. La première usine de canne à sucre y a même été créée. La plaine de Chamarel vous fera découvrir ses différentes couleurs et sa cascade !

 

 

 

 

En réalité, ces couleurs sont des cendres volcaniques dévoilées par l’érosion. C’est un phénomène 100 % naturel : le climat chaud et humide favorise la décomposition du basalte à l’argile. Il reste en réalité une forte concentration en fer et aluminium.

 

 

La vallée des 23 couleurs

 

Cette vallée a été découverte seulement en 1998 ! C’est une immersion en pleine nature qui fait du bien et qui rend l’île Maurice si diversifiée car non… on ne s’ennuie pas sur l’île !

Elle tient son nom de l’éruption volcanique du « Bassin Blanc » dont les cendres sont uniques au monde.

En traversant la vallée, vous aurez l’occasion de faire de la tyrolienne, la 3ème plus grande du monde 😉 C’est parti…

Curious corner

Sur la route pour aller à la terre des 7 couleurs, vous pouvez faire un tour à curious corner, ça peut essayer de vous rendre fou 😉

 

 

 

 

 

 

 

Quoi qu’il en soit, sur la route, vous pourrez admirer de magnifiques paysages…

Mauritius

Mauritius

Mauritius

Mauritius

Mauritius – Trou aux biches

Mauritius – Perebeyre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La marche sur le feu

Nous avons eu la chance de participer à la marche annuelle sur le feu, une cérémonie hindoue.

La marche s’effectue en groupe et en priant : les hommes, les femmes et les enfants peuvent y participer ! Le feu a été éteint 1 heure avant le début de la cérémonie.

Le rituel peut être différent selon les hindous (c’est principalement un rite tamoul) mais l’objectif commun est de montrer sa foi en la nature et les énergies. La marche s’effectue sur une base volontaire, qu’on soit hindou ou non, à condition de suivre un jeûne de 18 jours au préalable.

Le prêtre marche en premier et bénira chaque marcheur. Vous pouvez suivre cette cérémonie en cliquant sur la vidéo 😉

 

Petite compilation d’informations surprenantes répertoriées à propos de l’île

  • les toits sont plats pour que les enfants construisent un étage au-dessus de la maison familiale, une fois qu’ils sont mariés (c’est moins cher et ça évite de quitter le domaine familial) ;
  • il n’y a pas de serpent ici (sauf sur l’île plate) ;
  • il existe un service public de santé gratuit puisqu’il y a un hôpital gratuit, accessible à tous les résidents de l’île (même s’il y a une liste d’attente) ;
  • d’après les Mauriciens, faire du stop et dormir sur la plage, c’est dangereux (on a essayé le stop pour aller au mariage de Charlotte et Veekash, ça a marché du tonnerre : 4 voitures en 1 heure de temps pour faire 21 km) ;
  • l’île compte plus d’un million d’habitants mais sa superficie couvre seulement 48 km² (65 km² avec les dépendances) ;
  • le point culminant de l’île est à 828 mètres (piton de la petite rivière noire) ;
  • Le dodo a disparu entre 1600 et 1700.