L’histoire de la Birmanie
Les différents royaumes
Bagan a été la capitale du premier royaume birman vers 1100 – le roi a adopté le bouddhisme.
2 siècles plus tard, les Bamar ont fondé le deuxième royaume.
En réalité, 4 grands groupes ethniques ont créé leur propre royaume :
- Les Pyu: arrivés du plateau tibéto-birman ou de l’Inde au 1er siècle avant JC, ils s’étaient installés dans le centre du pays. Au 10ème siècle, ils ont été réduits en esclavage par les envahisseurs venus de Chine !
- Les Arakanais(Rakhine) : leur royaume bouddhique dont la capitale était Mrauk U date du 6ème siècle avant JC. Ils ont contrôlé une grande partie du golfe du Bengale au 15ème siècle.
- Les Bamar: venus de l’est de l’Himalaya au 8-9ème siècle, ils ont pris le territoire aux Pyu et ont conquis le cœur du pays.
- Les Môn: originaires d’Inde ou d’Asie du sud-est, ils étaient installés de l’Ayeyarwady jusqu’en Thaïlande et au Cambodge. Ils ont établi leur royaume vers Thaton au 9ème siècle.
Troisième royaume birman : date du 1752 quand le roi s’est dressé contre les Môn. Son fils a pris d’assaut Ayutthaya et son frère a soumis les Arakanais, ce qui a créé des tensions avec les Britanniques qui y possédaient des intérêts économiques.
L’ère coloniale : les guerres anglo-birmanes
Les Britanniques ont conquis la Birmanie en 3 guerres : en 1824 (Etat Rakhine), 1853 (Yangoon et le sud) et 1885 (Mandalay et le nord) et ils ont géré ces territoires en tant que partie des Indes Britanniques. Les Indiens sont venus en masse : en 1927, les habitants de Yangon étaient Indiens en majorité. Les Chinois sont venus en masse aussi. Les importations britanniques affluèrent et beaucoup de villes furent rebaptisées (Yangoon en Rangoon, etc).
Les Birmans étaient difficiles car les coutumes bouddhiques n’étaient pas respectées (enlever ses chaussures dans les temples par exemple) : c’est le pays qui avait le taux de criminalité le plus élevé de l’Empire britannique !
Les demandes en faveur de l’indépendance se faisaient de plus en plus présentes et les Britanniques ont accordé la séparation de la Birmanie d’avec l’Inde en 1937. Le père d’Aung Suun Kyi militait en faveur de l’indépendance. Etudiant et directeur d’un syndicat, il a créé le mouvement des « Trente camarades » et a négocié avec les Japonais avant de former les premières forces de l’Armée Nationale Birmane (BNA).
La Birmanie post-coloniale
En 1947, Aung San était vice-président du conseil exécutif du gouvernement et s’est rendu en Angleterre pour conclure un pacte octroyant à la Birmanie un an d’autonomie. Il a rencontré ensuite les leaders des différents Etats birmans et a conclu un accord garantissant aux minorités ethniques la liberté de choisir 10 ans plus tard leur destin politique.
Aung San a remporté les élections en avril 1947 avec son parti mais il a été assassiné. Le Premier ministre a donc pris la suite et la Birmanie, en janvier 1948, devient indépendante et quitte le Commonwealth.
En 1949, la quasi-totalité du pays est passée aux mains des groupes rebelles mais le gouvernement a repris le contrôle en 1951 et les troupes nationalistes se sont alors retirées. En 1958, le gouvernement militaire intérimaire a été bien accueilli par la population : la loi et l’ordre sont revenus, les activités rebelles réduites et Yangon a été réhabilitée. Les 15 mois de gouvernement ont été « les plus efficaces et prospères de l’histoire birmane moderne ».
Le régime militaire : 1962-2010
L’armée a autorisé les élections en 1960 et l’ancien président a été réélu grâce à sa volonté de faire du bouddhisme une religion d’Etat. Les minorités ethniques ont voulu quitter l’union birmane, il y a eu un coup d’état et la dissolution du parlement en 1962. Le président est allé en prison jusqu’à son exil forcé en 1966.
Le Conseil révolutionnaire a affirmé que « le pays va marcher vers le socialisme à la manière birmane ». Il y a donc une nationalisation en masse, une interdiction des aides internationales. Résultat, en 1967, le pays qui avait été le plus grand exportateur mondial de riz avant la seconde guerre mondiale ne pouvait plus nourrir sa population !
En 1974, malgré la grève des ouvriers du pétrole, le gouvernement a continué d’appauvrir la population par plusieurs démonétisations successives. Le 8 août 1988, la population est descendue massivement dans la rue pour demander le départ du dirigeant ! Le gouvernement a réprimé l’opposition en tuant 3000 personnes, d’autres ont été emprisonnées et des dizaines de milliers d’étudiants ont fui le pays ! En 1988, il y a eu un coup d’état militaire.
En 1990, des élections ont été organisées et 235 partis se sont présentés dont la ligue nationale pour la démocratie (NLD dirigée par d’Aung San Suu Kyi). En 1989, la Birmanie s’appelle Myanmar suite à la décision du conseil national en place, Aung San Suu Kyi est assignée à résidence et de nombreux leaders pro-démocratiques sont arrêtés.
Résultats des élections : la LND obtient 60% des voix contre 25% pour l’armée qui va envahir les locaux de la LND. Aung San Suu Kyi fut libérée mais arrêtée par les militaires en 1998 et, en 2000, placée en résidence surveillée pendant 10 ans !
En 2003, le chef des services secrets, qui était premier ministre, a annoncé une feuille de route vers la démocratie disciplinée. L’année suivante, il a été condamné à 44 ans de prison !
En 2005, la nouvelle capitale est Naypyitaw. En 2007, il y a une inflation (gaz : 500% et essence : 200% !). Les moines ont manifesté contre l’augmentation des prix et les militaires ont tué un moine, ont arrêté une dizaine de personnes et ont assailli les monastères (résultat : 31 morts et 3000 arrestations. Les bonzes ont créé l’ABMA (All Burma Monks Alliance) qui qualifia le gouvernement de « dictature du mal » et refusa les offrandes des militaires.
Il y a eu des marches dans tout le pays et la foule a prié devant la résidence d’Aung San Suu Kyi. La « révolution safran » est en marche et c’est la première fois dans l’histoire que des vidéos ont passé les frontières et que le monde a pu voir ce qui se passait à l’intérieur des frontières birmanes.
L’adoption de la Constitution
En prenant le pouvoir en septembre 1988, la dictature militaire a suspendu la Constitution. Le pouvoir avait appelé en 1993 à la création d’une Constitution mais le processus avait été suspendu en 1996 par la LND, qualifiant le texte d’anti-démocratique.
La Birmanie est restée sans Constitution jusqu’en 2008.
En 2008, le gouvernement militaire en place propose une nouvelle Constitution, soumise à référendum, cette mesure étant inscrite dans un plan pour l’instauration de la démocratie. Le texte est présenté par les militaires comme annonciateur d’un retour démocratique, alors que pour ses opposants, il ne s’agit que d’un outil supplémentaire pour prolonger le contrôle militaire du pays.
Le texte prévoit une clause sur mesure destinée à écarter Aung San Suu Kyi du pouvoir en prévoyant « l’impossibilité pour les personnes mariées à des étrangers ou ayant des enfants étrangers d’accéder à des fonctions politiques ».
En mai 2008, les autorités annoncent un taux de participation de 98 % avec 92,48 % des voix en faveur de la Constitution. Aung San Suu Kyi a ensuite vu la levée de son maintien en résidence.
« Sans modification de la Constitution, le Myanmar était encore loin, bien loin, d’une forme véritablement démocratique de gouvernement »
Aung San Suu Kyi
Aux termes de la Constitution, le Myanmar est divisé en 7 régions et 7 Etats. 6 enclaves ethniques ont obtenu l’autonomie.
« Je ne parlerais pas encore de démocratie mais il s’agit d’un gouvernement civil qui devient progressivement respectable »,
Rapporteur de l’ONU en 2013
Aung San Suu Kyi au pouvoir a augmenté le revenu minimum de 3 € par jour (4800 kyats), soit une hausse de 30 % ! Ceci devra être appliqué dans toutes les entreprises de 10 salariés ou plus. Cependant, la Birmanie reste l’un des pays les plus pauvres de l’Asie du sud-est. Le revenu annuel moyen est inférieur à 950 €. Près de 40 % des 51 millions de Birmans vivent en dessous du seuil de pauvreté !
Le Myanmar dépense plus pour l’armée que pour la santé et l’éducation réunies (29% contre 16%) !
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Qui est Aung San Suu Kyi ?
Elle a été prisonnière d’opinion pendant 15 ans, entre 1989 et 2010. Elle est présidente du parti œuvrant pour la démocratie, elle est souvent comparée à Mandela et Gandhi pour son engagement patient et non-violent. Comme vous l’aurez compris, elle a fondé le NLD.
Après sa libération, elle a déclaré : « je vais œuvrer en faveur de la réconciliation nationale. C’est une chose très importante, je suis prête à parler avec tout le monde, je n’ai aucun ressentiment personnel vis-à-vis de quiconque ». Elle a reçu le prix Nobel de la paix (attribué 21 ans plus tôt mais qu’elle n’avait pas pu recevoir !). Son attitude respectable est controversée par certains car elle a toujours refusé de plaider pour le cause des Rohingas.
Selon elle (« Letters from Burma »), la naissance d’une fille est célébrée autant que celle d’un garçon, voire plus, car elles sont considérées comme plus aimantes. Elles ont les mêmes droits que les hommes, peuvent travailler, être propriétaires, ne changent pas de nom en se mariant et en cas de divorce ou succession, elles ont droit à la moitié du patrimoine. Malgré tout, il y en a peu dans des postes haut placés ! Il faut aussi savoir que seuls les hommes auraient accès au Nirvana !
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Après les élections de 2010
Les dernières étapes de la feuille de route vers la démocratie ont été validées.
Un an plus tard, le président a rencontré Aung San Suu Kyi, libéré les prisonniers politiques, assoupli la censure et légalisé la libéralisation de l’économie. La levée des sanctions internationales et la visite de dirigeants étrangers sont les preuves du retour progressif du Myanmar à la communauté des Nations.
Il y a bien eu un cessez-le-feu avec les rebelles en 2012 mais les tensions et les violences interethniques et interreligieuses continuent…
Peuples et religions
Le gouvernement reconnaît 135 groupes ethniques qui composent les 8 groupes ethniques nationaux majeurs : les Bamar, Shan, Môn, Karen, Kayah, Chin, Kachin et Rakhine. La liberté de religion est garantie par la Constitution mais le bouddhisme a un statut particulier (les chrétiens et les musulmans sont également prédominants).
Un mot sur les Rohingya : c’est le groupe ethnique le plus réprimé au Myanmar. Les Nations-Unies les qualifient de « minorités les plus persécutées du monde ». C’est 800.000 musulmans considérés comme des « envahisseurs venus du Bangladesh ». Ils descendent de familles « amenées au Myanmar » par les Britanniques au 19ème siècle : pendant la colonisation, des musulmans (bengalis et autres) ont été amenés ici pour travailler dans les fermes et l’administration.
La loi actuelle refuse la nationalité birmane aux personnes arrivées à la suite de l’invasion britannique.
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Moines
Les Birmans veulent améliorer leur vie future : pour cela, ils font quotidiennement des offrandes aux moines.
Il y a plus de 600 000 moines au Myanmar. Tout homme bouddhiste birman doit vivre deux fois temporairement dans un monastère au cours de sa vie : comme novice entre 10 et 20 ans et comme moine à part entière après 20 ans. Tout ce qu’il possède lui est offert et lors de son ordination, il reçoit trois robes, un rasoir, un gobelet, un filtre, une ombrelle et un bol à offrandes. Ça peut durer 1 semaine ou 10 jours et plusieurs mois. Tous les Birmans ont donc une photo d’eux la tête rasée avant de rentrer ‘dans les rangs’. Les femmes nones se rasent la tête, portent du rose mais ne suivent que 10 préceptes – comme les novices.
Tous les matins, nous avons pu donc observer les moines et nones faire la quête de nourriture et d’argent. Les dons sont fréquents et quotidiens !! Les Birmans donnent pour faire de « bonnes actions » et « acquérir des mérites ». Ils vénèrent aussi les nats et font appel aux astrologues pour choisir la date de mariage, le prénom de leur enfant, acheter une maison… Le chiffre 9 est également vénéré : les dirigeants ont d’ailleurs décidé dans le passé de remplacer la monnaie existante par des billets de 45 et 90 kyats : la somme de leur chiffre était égale à… 9 !
Les dons faits dans les monastères servent à la rénovation des bâtiments (les nouveaux sont construits en brique parce qu’il n’y a pas assez de bois dans les forêts) mais servent aussi aux dépenses personnelles des moines ! Ce que l’on peut dire, c’est qu’il y a une très nette différence entre les moines birmans et les moines thaïlandais ! Ici, c’est beaucoup plus souple : ils peuvent fumer et manger la journée (le jeûne n’est a priori pas respecté ici), ils ont presque tous des téléphones portables (j’ai même pu voir des photos pornographiques dans le téléphone de l’un d’entre eux !) et plusieurs moines ont de grosses motos ! Il y a une flexibilité certaine qui remet en question le sérieux de l’enseignement et de la véritable spiritualité du Bouddha.
J’ai aussi eu l’occasion de lire qu’« être moine, c’est très prestigieux et très prisé, c’est un grand honneur pour une famille, c’est un grand mérite pour elle. Beaucoup de jeunes souhaitent donc aller au monastère. Dans les familles pauvres, cela permet d’assurer un avenir à un ou plusieurs enfants ».
Environnement
La Birmanie est plus grande que la France ! La région de l’Ayeyarwady est la plus peuplée, celle de Yangon la plus dense et celle de Kayah la moins peuplée (car montagneuse). Voici les 14 subdivisions et leurs capitales :

Subdivisions du Myanmar
Le pic le plus haut se situe à 5889 m au nord du pays (c’est le début de l’Himalaya). Les tigres et les éléphants sont menacés d’extinction + voir photo éléphant
90% de la population se sert du bois pour cuisiner et se chauffer. Chaque foyer en brûle trois tonnes par an.
L’exploitation incontrôlée de l’or et autres minerais et leur déversement croissant dans les fleuves et océans – dont le lac Inle – est un réel problème de pollution. Il y a à peine quelques poissons qui survivent dans le lac Inle à cause des teintures chimiques de l’industrie textile et des déchets générés par le tourisme. Un rapport de 2012 montre un pH Négatif et déclare l’eau non potable. Des propositions pour réhabiliter le lac d’ici 2025 sont à consulter ici.
L’usage exclusif de pesticides et d’engrais chimiques pour les fruits et légumes est aussi un problème.
Il y a pas mal de barrages hydroélectriques (le barrage de Myitsone) mais celui de Thamanthi en collaboration avec l’Inde a été abandonné pour préserver les tigres, éléphants et tortues.
Le drapeau du Myanmar
Le premier drapeau remonte au mouvement de la résistance birmane durant la seconde guerre mondiale qui arborait un drapeau rouge et bleu marqué d’une étoile blanche. Lors de l’indépendance en 1948, c’est sur cette base que le nouveau drapeau a été créé avec l’ajout de cinq étoiles autour de l’étoile centrale symbolisant l’unité des peuples. Le drapeau fut changé en 1974 pour mieux représenter la nouvelle idéologie socialiste.

Drapeau actuel du Myanmar
Le drapeau adopté en 1974 ressemble au précédent, le rouge domine. Le rectangle en haut à gauche est bleu et inclut un épi de riz devant une roue dentée, encerclés par 14 étoiles de taille identique.
Le riz représente les paysans, alors que la roue dentée représente les travailleurs donnant la prééminence aux paysans. Les 14 étoiles symbolisent les statuts égaux et l’esprit d’union des 14 Etats et Divisions qui constituent le Myanmar. + PHOTO
La couleur jaune fait référence à la solidarité ; la couleur verte est un symbole de la paix, de la stabilité du pays et de la verdoyance ; la couleur rouge indique la bravoure et la nature intègre de la population. L’étoile représente « l’existence perpétuelle de l’Union consolidée ».
En septembre 2007, le drapeau dans sa forme actuelle a été adopté et inscrit dans la nouvelle Constitution – tous deux ont pris effet lors des élections de 2010.
Le drapeau du bouddhisme
Le drapeau bouddhique a été conçu en 1884 et adopté par la Fédération mondiale du bouddhisme en 1950. Depuis, il est largement utilisé dans tous les pays bouddhistes et flotte dans les temples.
Il a été hissé pour la première fois en 1885 au temple Dipaduttamarama, à Colombo, au Sri Lanka. Ce jour, célébré officiellement sous domination britannique, est une victoire du courant bouddhiste nationaliste cingalais dont le nouveau drapeau devient un des signes de reconnaissance. Le drapeau, alors plus allongé, a été introduit au Japon en 1889, puis en Birmanie, où il est adopté officiellement en 1956.
Le drapeau utilise les 5 couleurs dégagées par l’aura du Bouddha au moment de son éveil. Ces cinq couleurs représentent les cinq sources de perfectionnement indispensables à la pratique bouddhique.

Drapeau du bouddhisme
- le bleu, symbole de la méditation ;
- le jaune clair, pour la « pensée juste » ;
- le rouge, pour l’énergie spirituelle ;
- le blanc, pour la « foi sereine » ;
- la couleur orangée, pour l’intelligence (c’est un composé des 4 couleurs précédentes car l’intelligence est considérée comme la synthèse des qualités que ces couleurs symbolisent et rappelle le safran des robes de moines).
La sixième bande verticale est constituée d’une combinaison de bandes rectangulaires des 5 autres couleurs empilées verticalement (le mélange de couleurs est désigné sous le nom de Prabashvara, «l’essence de la lumière» et est lié à la “grande joie”.
En Thaïlande, le drapeau jaune avec la roue du dharma rouge est utilisé comme emblème bouddhique.
La transsexualité en Birmanie
Le principal problème que rencontre la communauté LGBT en Birmanie est l’existence de l’article 377 du Code pénal birman. Il dispose que la sodomie est illégale puisqu’elle constitue « un acte contre nature ». Cet article n’a été mis en œuvre qu’une seule fois pour condamner un transsexuel mais de nombreuses personnes ont été arrêtées en vertu de cette disposition. L’existence de cet article crée un espace pour l’homophobie.
Les parlementaires ont accepté de discuter de son amendement devant le Parlement.
En 2014, 7 transsexuels ont été arrêtés et abusés sexuellement pendant leur garde à vue, ils ont également fait l’objet d’insultes et été contraints de signer une déclaration les engageant à ne plus jamais s’habiller en fille.
Une autre loi interdit de prendre part à une activité qui est susceptible de diffuser des maladies et des MST mais, peu utilisée pour condamner, elle est surtout mise en œuvre pour les arrestations.
La religion étant au cœur de la société birmane, l’homosexualité et la transsexualité sont encore tabou et très peu de personnes confient leur identité sexuelle à leur entourage. Nombre d’entre eux préfèrent rejoindre la ville de Rangoun, plus tolérante, pour vivre tranquillement et à l’abri du jugement de leurs proches sur leur homosexualité/ transsexualité.
Paradoxalement, la transsexualité est mieux tolérée que l’homosexualité. Beaucoup de Birmans reconnaissent les transsexuels comme faisant partie de la société puisqu’ils divertissent le peuple et font partie du spectacle. Aucune tolérance n’existe dans la société pour les femmes homosexuelles. Alors que les hommes gays sont relativement nombreux, les lesbiennes sont presque inexistantes.
Dans les zones rurales, des associations ont lancé un mensuel gratuit « Rainbow magazine ». Il s’agit du seul journal destiné à la communauté LGBT qui aborde le sujet ouvertement en Birmanie. Au moins, les transsexuels et les homosexuels ne se sentent plus seuls.
Récemment, le festival du film LGBT a été organisé à Rangoun en partenariat avec l’Institut français. Plusieurs films, sur la signification et la vie quotidienne d’homosexuels et de transsexuels, ont été diffusés. Le festival a attiré plusieurs milliers de personnes sur 3 jours, ce qui constitue un signal fort et optimiste pour l’avenir et la reconnaissance de la communauté LGBT. En mars 2014, un couple homosexuel s’est même marié publiquement pour la première fois en Birmanie !
On a bien senti, Ségo et moi, un vent de tolérance dans ce pays ! 🙂