Petit récapitulatif historique de la Tanzanie
…pour ceux que ça intéresse
Géographie
- Pays d’Afrique de l’Est situé en bordure de l’océan Indien, dans la partie tropicale de l’hémisphère sud. Il est entouré par le Kenya au nord, le Congo, l’Ouganda, le Malawi…
- Ses frontières naturelles sont formées par l’océan Indien, le Kilimanjaro, le lac Victoria, la rivière Kagera, le lac Tanganika et le fleuve Ruvuma. Le pays est traversé par la Vallée du Rift.
- La Tanzanie actuelle est née de l’union du Tanganika et de Zanzibar en avril 1964. D’ailleurs, le nom de Tanzanieest formé du Tande Tanganyika et du zan de Zanzibar.
- La façade maritime fait face à l’archipel de Zanzibar constitué de 3 îles principales : Unguja, Pemba et Mafia.
- Un seul volcan demeure actif, l’Ol Doinyo Lengaï. Le Kilimanjaro, avec ses 5 892 mètres d’altitude, constitue le point culminant du pays.
- Il y a de nombreux parcs naturels : Serengeti, Tarangire, lac Manyara, cratère de N’gorongoro.
- La capitale est Dodoma mais Dar Es Salaam constitue la capitale économique du pays.
- Les langues officielles sont le swahili et l’anglais mais l’arabe est très utilisé, notamment à Zanzibar.
- Le pays compte plus de 120 groupes ethniques, chacun ayant conservé sa langue !
Histoire
INDEPENDANCE
- En 1953, Julius Nyerere prend la tête d’un parti politique qui prône l’indépendance qui sera accordée par le Royaume-Uni le 9 décembre 1961. Il sera le premier président de la République du Tanganyika.
- L’indépendance de Zanzibar et de Pembaest obtenue le 10 décembre 1963. Ces territoires commencent par être contrôlés par les partis initiés par les Britanniques mais il y a des tensions qui font de nombreuses victimes au sein des communautés arabe et indienne (10 000 personnes furent massacrées dans la nuit du 11 au 12 janvier 1964 à Zanzibar).
- Le 26 avril 1964, le Tanganyika et Zanzibar fusionnent pour former la République unie de Tanzanie. Nyerere devient alors le président de ce nouvel État et le président de Zanzibar devient le vice-président de la Tanzanie.
- Dans les faits, Zanzibar a conservé jusqu’à aujourd’hui une large autonomie : le gouvernement central tanzanien s’occupe des domaines « nationaux » de la politique à Zanzibar (Défense, Intérieur, Affaires étrangères) et le gouvernement local zanzibarite traite des sujets comme l’éducation ou l’économie.
LE REGNE DE NYERERE : 1964-1985
- Soucieux d’accélérer l’émancipation des Africains par rapport au monde occidental, Nyerere prône une politique socialiste. En 1967, la déclaration d’Arusha en définit les principes et doctrines. Selon lui, « le socialisme africain doit conduire à la création d’une société égalitaire, juste, solidaire, qui trouve dans ses propres ressources les moyens de son autosuffisance ».
- A Zanzibar, la politique se veut totalitaire, à tendance révolutionnaire. Les propriétés arabes et indiennes sont nationalisées.
- Les principales industries et sociétés de service sont nationalisées, les communautés villageoises sont organisées selon un principe collectiviste, notamment en agriculture, les coopératives sont encouragées mais le choc pétrolier de 1973 ralentit l’économie du pays.
- Le pays fait partie des 8 premiers producteurs d’Afrique de l’Est, du Sud et du Nord dans les années 2010. C’est le 5ème producteur africain de thé en 2010.
- La Tanzanie a reçu l’aide de la Chine qui souhaitait élargir son influence en Afrique de l’Est : la ligne de chemin de fer de Dar-es-Salaam à la Zambie est construite en 1975 et c’est sur le modèle des communes chinoises que sont créés 800 villages collectifs, regroupant des populations d’origine ethnique et tribale différentes (et déplacées de force en camion…).
En 4 ans, 9 millions de personnes ont été déplacées !
- Sur le plan politique, les partis se rapprochent en 1977 pour former le parti de la Révolution. Les relations de la Tanzanie avec ses voisins se détériorent et la frontière avec le Kenya est ainsi fermée de 1977 à 1983. L’Ouganda a même attaqué la Tanzanie en 1978 pour des raisons politiques.
- En 1980, avec un secteur agricole improductif, la Tanzanie est l’un des pays les plus pauvres de la planète ! Nyerere commence à modifier sa politique dirigiste ; la société est très progressivement libéralisée.
- En 1985, Nyerere, se retire de la politique au bout de 24 années de règne. Il conservera l’estime de beaucoup de Tanzaniens et d’une partie de la communauté internationale : on lui reconnaît le mérite d’avoir posé les bases d’un État démocratique pluriethnique.
- C’est Ali Hassan Mwinyi, alors président depuis 1980 de l’archipel de Zanzibar, qui prend sa succession. Il accélère l’ouverture et la libéralisation progressive du pays, autorise le multipartisme.
- En 1995 et 2000, victoire de Bejnjamin Willial Mkapa, un disciple de Nyerere est élu et fait face à la crise économique, l’épidémie de sida, l’afflux de réfugiés qui fuient les guerres du Burundi.
- En 2005, Jakaya Kikwete devient le 4ème président de la République et John Magufuli lui succède en 2015.
CULTURE
- De nombreuses femmes sont mères au foyer mais beaucoup contribuent aux revenus du ménage par des travaux informels, comme vendeuses de repas dans la rue.
- La Tanzanie est largement influencée par la culture swahilie et l’ensemble du pays conserve les traces de la présence arabe.
- Les religions les plus représentées sont l’animisme (35 %), l’islam (35 %, essentiellement sunnite) et le christianisme (30 %) selon France Diplomatie, tandis que les États-Unis font d’autres estimations : l’animisme (1,8 %), le christianisme à 61 ou 62 %. La population de Zanzibar est musulmane à 98 %.
- Les gorges d’Olduvai regorgent de restes fossiles datant de la Préhistoire (certains sont les plus anciens ancêtres de l’espèce humaine). La région est supposée avoir été habitée à l’origine par des tribus utilisant des sons, cliquetis (comme ceux des Bushmen et des Hottentots d’Afrique du Sud). Certaines de ces populations avaient atteint un haut niveau d’organisation et contrôlaient de larges territoires quand les explorateurs et les missionnaires européens ont pénétré à l’intérieur du pays à partir du début du 19ème siècle.
- La région côtière a subi ses premières influences étrangères dès l’Antiquité. Les commerçants ont très vite compris l’intérêt que pouvait présenter cette côte africaine pour s’approvisionner en or, ivoire, bois précieux, peaux, cire et en esclaves.
Au 11ème siècle, des vagues de migrants arrivent en provenance de la péninsule arabique. Pour ces différents immigrants parlant l’arabe, la terre où ils débarquent est « Zenji-bar », littéralement la terre des Noirs en persan, d’où l’origine possible du nom Zanzibar. - Sur la côte et les îles, ces nouvelles populations se mélangent culturellement et sociologiquement avec les autochtones africains : c’est la naissance de la culture swahilie, métissage des traditions africaines et des croyances arabo-musulmanes. Des cités-Etats sont fondées par les migrants arabes comme Lamu, Pate, Pemba, Zanzibar, Sofala, etc.
- En 1498, Vasco de Gama rencontre une importante hostilité dans ses rapports avec les notables et marchands arabes. Il se rend compte que ces cités-Etats se livrent à un important et fructueux commerce de l’or.
- Les Arabes ne cèdent pas et c’est par la force que les Portugais vont imposer leur domination. Après 10 ans d’affrontements, qui prennent parfois des accents de guerre sainte entre chrétienté et islam, les Portugais mettent la main sur les routes maritimes avec l’Inde et l’orient et sur le commerce de l’or. Zanzibar est alors le principal entrepôt commercial de l’Afrique orientale.
Cependant, surtout à partir du xviie siècle, les Portugais eurent du mal à assumer militairement et politiquement leur conquête. Peu nombreux et détestés des populations locales, ils doivent faire face à l’opposition grandissante des Swahilis, eux-mêmes de plus en plus fortement soutenus par les Arabes du sultanat d’Oman, situé au nord de la côte swahilie. En 1587, le massacre des Portugais de l’île de Pemba a été une première alerte pour les occupants européens.
L’ESCLAVAGISME
- Au 18ème siècle, le commerce d’esclaves noirs, qui existe depuis environ un millénaire en Afrique de l’est, prend de plus en plus d’ampleur. La France est un client régulier pour ses plantations de canne à sucre sur l’île Bourbon (île de la Réunion) ou l’île de France (île Maurice). Les caravanes vont chercher les esclaves noirs dans l’intérieur du pays, en évitant les régions dominées par la tribu massaï qui a la réputation d’être un peuple féroce. Ce commerce devient si important qu’un vaste marché aux esclaves est construit en 1811 à Zanzibar.
- Au 19ème siècle, Sayyid Saïd, à la tête du Sultanat d’Oman, envoie des troupes sur la côte d’Afrique orientale et met au pas une partie des cités rebelles. Il déplace sa capitale de Mascate à Zanzibar : il est tombé sous le charme de cette île et lance de nouvelles activités : Zanzibar va ainsi bientôt fournir les ¾ de la production mondiale de clous de girofle. Il intensifie également la traite des Noirs (15 000 esclaves transitaient chaque année par son port), ce qui en fait l’un des plus importants d’Afrique. En 1840, Sayyid Saïd devient le leader incontesté de toute la côte est de l’Afrique, de l’actuelle Somalie jusqu’au Mozambique.
LA COLONISATION EUROPEENNE
1. Les Britanniques
Les sociétés européennes poussent le Royaume-Uni à désapprouver le commerce des esclaves : en 1822, le premier traité de Moresby est signé : la vente d’esclaves à des pays se déclarant chrétiens est illégale ; le commerce d’esclaves aux ports d’Oman et d’Afrique de l’est est circonscrit. En 1833, l’empire britannique abolit l’esclavage dans ses colonies et, en 1845, Sayyid Saïd signe le traité de Hamerton qui limite la traite des Noirs à ses seules colonies d’Afrique de l’Est (mais concrètement, ces traités ont mis des décennies avant d’être totalement appliqués).
2. La colonisation européenne 1850-1964
- A la fin du 18ème siècle, les esprits commencent à se passionner pour le continent africain, notamment en ce qui concerne l’anti-esclavagiste naissant et la quête de la source du Nil…
- Deux pasteurs allemands commencent par traduire la Bible en Swahili et à faire les premières évangélisations. En 1856, deux explorateurs cherchent à trouver la source du Nil : Speke atteint le lac Victoria qui le nomme ainsi en l’honneur de sa majesté la reine ; Livingstone, découvre le fleuve Zambèze.
- La visite de tous ces explorateurs-missionnaires européens vont accélérer la prise de conscience par les opinions publiques européennes des horreurs liées à la traite des Noirs. Livingstone, lors de ses retours d’expéditions en Angleterre, multiplie les conférences et publications pour décrire ce qu’est la réalité du commerce des esclaves en Afrique.
3. Le déclin du sultanat et les conditions d’une colonisation 1856-1886
- Les pouvoirs du sultan sont de plus en plus tributaires du bon vouloir du Royaume-Uni et, en 1873, sous la pression, est enfin signé le traité mettant fin à la traite des Noirs, même si la possession d’un esclave est toujours autorisée.
- Tandis que les Britanniques affirment leur autorité sur Zanzibar, les Allemands investissent l’intérieur du continent et, au début des années 1880, signent des traités de bonne entente avec des chefs tribaux africains, ces derniers ne comprenant d’ailleurs pas la plupart du temps les intentions des occidentaux !
- En 1886, le Royaume-Uni et l’Allemagne reconnaissent la souveraineté du sultan sur Zanzibar, mais dans le même temps réduisent fortement l’étendue des zones où s’exerce cette souveraineté.
- À l’Allemagne revient l’intérieur du continent jusqu’aux grands lacs, région qui sera bientôt appelée Ostafrika (Tanganika, Burundi et Rwanda).
- La même année, le Sultan perd officiellement tout contrôle sur la petite bande côtière qui était censée être sous sa domination, et il lui est donné un statut équivalent à un fonctionnaire payé par la Couronne Britannique.
- En 1891, les Britanniques imposent la constitution d’un gouvernement à Zanzibar.
- En 1897, le statut d’esclave est définitivement aboli sur l’île, malgré l’opposition des notables locaux (arabes et indiens) qui craignent la disparition de cette main d’œuvre bon marché si pratique pour les plantations de clous de girofles !
4. La colonisation allemande du Tanganyika : 1886-1919
- Les Allemands ont de grandes ambitions pour leurs nouvelles « possessions » africaines mais dès 1888, des soulèvements éclatent dans plusieurs villes côtières (Bagamoyo, Pangani, Tanga).
- Le gouvernement allemand déclare l’intérieur du pays sous protectorat allemand. Un gouverneur est nommé, et Dar-Es-Salaam, alors simple petit port de commerce de 5000 habitants, est choisie comme capitale, plus pratique pour les bateaux à vapeur allemands.
- En 1905 éclate une importante révolte, celle de Maji Maji (signifiant « eau eau » en swahili : on prétend d’un esprit censé habiter au sud de Dar-es-Salaam qu’il procure à l’eau qui coule le pouvoir de protéger des balles). Les habitants attaquent les Allemands qui se défendent avec une politique de terre brûlée, qui fera de nombreux morts par famine (de 75 000 à 120 000 morts, jusqu’à 1907).
5. La Première Guerre mondiale et ses conséquences
- Les Britanniques ont l’avantage de contrôler l’accès maritime mais les Allemands opposent jusqu’à 1916 une résistance farouche et efficace : ils adoptent une véritable stratégie de guérilla.
- Le 8 mai 1916, Kigali, dans l’actuel Rwanda, est repris aux Allemands, puis Kigoma et Ujiji. Les alliés s’emparent de Tabora, jusqu’alors capitale militaire allemande.
- Les Allemands sont définitivement battus à la fin de l’année 1917.
- La guerre a stoppé les projets de développement que les Allemands avaient entrepris en Afrique de l’Est et l’Allemagne se retrouve avec une administration démantelée et une économie au point mort
- A la suite du traité de Versailles, les alliés se répartissent le contrôle des territoires de l’ancienne « Ost-Afrika » allemande : le Royaume-Uni se voit confier le mandat de ce qui est désormais officiellement appelé le Tanganika, les Belges récupèrent le Rwanda et Burundi.
6. Le Tanganyika britannique : 1919-1964
- Le premier gouverneur britannique de Tanganyika règne de 1920 à 1924 et veut sécuriser la situation des populations africaines par une ordonnance qui s’assure que les droits fonciers des populations africaines sont respectés.
- Un nouveau gouverneur, de 1925 à 1931, cherche à appliquer un « gouvernement indirect » qui consiste, pour administrer et diriger le pays, à s’appuyer sur les structures politiques traditionnelles existantes et à agir presque en conseiller auprès des autorités indigènes, plutôt que de traiter ces dernières comme de simples agents administratifs subordonnés aux ordres centralisés venant des Européens.
- À partir des années 1920, il est à noter que les Britanniques font venir de nombreux Indo-pakistanais au Tanganyika pour occuper des postes dans l’administration et participer aux constructions d’infrastructures. Cette population immigrée présente l’avantage d’être plus instruite que la moyenne des Africains et est parfaitement anglophone.
- Encore aujourd’hui, la plupart des commerces de certaines grandes villes tanzaniennes sont tenus par des Indo-pakistanais.
- Dans le même temps, les conditions d’une future autonomie politique émergent : des coopératives de producteurs agricoles indépendants se forment et, en 1929, est créée l’association africaine de Tanganyika (TAA).
- L’ONU nouvellement créée met en place un système de mise sous tutelle pour les populations qui ne s’administrent pas encore elles-mêmes : ainsi, en 1946, l’ONU confie la tutelle du Tanganyika au Royaume-Uni, avec comme perspective de parvenir à l’autodétermination et à l’indépendance. Il faudra une quinzaine d’années pour que cela soit le cas !
7. Les îles de Zanzibar et Pemba de 1886 à 1964
- De leur côté, les îles de Zanzibar et de Pemba connaissent une certaine stabilité politique jusqu’au début des années 60. Le territoire est sous protectorat du Royaume-Uni qui maintient en place le système politique du sultanat, tout en officialisant son exercice du pouvoir en constituant en 1925-1926 des conseils exécutifs et législatifs à la place du conseil consultatif.
- A partir de 1950, se forment différents partis politiques plutôt indépendantistes.
- Au contact des colons européens, allemands puis britanniques, les sociétés africaines furent bouleversées dans leur fonctionnement et leurs traditions. Ces changements identitaires et culturels furent cependant plus ou moins prononcés d’une tribu à l’autre.