Nos 49 jours dans l’Uttarakhand,

le nord de Inde

 

Après 1 an et 13 jours, nous mettons de nouveau les pieds en Inde… Il nous était impossible de ne pas repasser par ici étant donné notre itinéraire. C’est avec un plaisir non dissimulé que nous allons y rester 49 jours 😊

 

On pose nos valises à Haldwani

 

Pas de suspens inutile, on vous le dit tout de suite : oui, nous sommes toujours amoureuses de ce beau pays qu’est l’Inde !

Nous avons pris le bus de Delhi à Haldwani directement où nous allons être logées par une famille indienne (en réalité, deux familles nous auront ouvert leur porte !) 😊

Haldwani – Inde

Le nord de l’Inde est tout de suite très différent de ce que nous avions vu du Rajasthan à Kolkata. Haldwani est une ville beaucoup plus ordonnée (oui, c’est possible en Inde 😉), il n’y a plus ce chaos qu’on aime tant, notamment au niveau de la circulation puisque les règles sont strictes ici : le casque est obligatoire pour le chauffeur et les policiers contrôlent très régulièrement la vitesse.

Tout l’Etat de l’Uttarakhand est étonnant : il y a beaucoup d’arbres et de forêts hors de la ville, dès qu’on monte dans les collines alentours, c’est très reposant. Nous sommes souvent allées dans les collines aux alentours en voiture ou en moto 😉 La vue est super !

Nous avons fait un petit tour de la ville et retrouvé l’ambiance qui nous a tant manquée (madame, un selfie please 😉)

Haldwani – Inde

Haldwani – Inde

Haldwani – Inde

Haldwani – Inde

Haldwani – Inde

Haldwani – Inde

Haldwani – Inde

 

 

 

 

 

Vous le lirez plus loin, nous avons vécu avec une famille indienne et c’est un cadeau inestimable. Merci à eux de nous avoir toléré tout ce temps 😛

Ils sont Pahadis, ce qui mérite un petit mot d’explication sur leur origine 😉

 

Les Pahadis de la région himalayenne

 

Les Pahadi constituent l’unique groupe ethnique indo-aryen issu de l’Himalaya.

Pithoragarh – Inde

Le mot Pahadi signifie « colline » et fait référence aux gens qui « viennent des montagnes ». Ils habitent donc au Népal, au Tibet et en Inde. On les oppose aux Madhesis, les gens de la plaine. Historiquement, leur existence est ancienne puisqu’on retrouve des références dans des poèmes épiques écrits en tantrique.

L’ancien nom de la région de l’Himalaya est ‘Khas Desh’ et la population était appelée les Khas (on retrouve leur trace dans l’histoire de l’Inde et de la Chine). Les Khas ont dominé les montagnes du centre de l’Himalaya et ont joué un rôle historique important en s’installant dans la région du Cachemire, du Tibet et à l’ouest du Népal (ils ont dominé au sein des rangs de l’armée et du gouvernement népalais et quelques régiments de l’armée indienne). La caste à laquelle ils appartiennent ont dominé au Népal et leur désir de s’imposer auprès des minorités et des indigènes a été un point clé de la guerre civile népalaise et du mouvement démocratique qui s’en est suivi !

Sous la dynastie des Shah, les Pahadi ont régné sur la région du Teraï et ont dominé les Tharu (les explications arrivent plus tard 😊) au niveau politique, social et économique.

 

L’Etat de l’Uttarakhand

Auparavant appelée Uttaranchal (son nom en sanskrit), ‘Uttara’ signifie ‘nord’ et Khand signifie ‘pays’, l’Uttarakhand est donc le « pays du nord ». Cela se constate clairement sur la carte ! Plus de 10 millions d’habitants habitent ici, soit l’équivalent d’1/6ème de la population française !

L’Inde est divisée en Etats qui eux-mêmes sont divisés en régions puis en districts.

L’Uttarakhand est donc un Etat composé par 2 régions, le Kumaon (dont les habitants sont les Kumaonis) et le Garhwal (dont les habitants sont les Garhwalis). Ils sont tous Pahadi et hindouistes. La division du Kumaon comprend 7 districts (dont Pithoragarh et Nainital) et celle du Garwhal en comprend 8 (dont Dehradun et Haridwar) qu’on vous présentera plus loin 😉

L’Uttarakhand a été créé seulement en l’an 2000 pour être séparé de l’Uttar Pradesh et il est devenu le 27ème Etat indien. C’est l’un des Etats des plus montagneux de l’Inde et un des plus boisés – il est délimité par des montagnes enneigées et des glaciers entre lesquels coulent les fleuves sacrés de l’hindouisme dont le Gange qui prend sa source au glacier de Gaumukh et traverse les villes de Gangotri, Rishikesh et Haridwar.

Pithoragarh – Inde

C’est un Etat très paisible avec des paysages préservés et d’une beauté inoubliable ! Le mont Nanda Devi, que l’on a aperçu depuis Pittoragarh, est le sommet le plus haut d’Inde (7816 mètres).  Une grande partie du massif du Chaukhamba est couverte par un immense manteau blanc, des neiges éternelles et des glaciers. Cette partie est vitale parce que c’est dans cette région que naissent les plus grands fleuves d’Asie et les nuages de mousson. La survie de plus de 2 milliards de personnes dépendent de cette région !

 

Deux principales plaines séparent l’Uttarakhand au sud :

  • la plaine du Teraï, dans la région du Kumaon, s’étend jusqu’au Népal. On y trouve 2 ethnies, les Gujjars sont les éleveurs nomades musulmans et les Tharus qui sont des éleveurs et agriculteurs hindous rajput (ils sont connus pour résister naturellement aux maladies mortelles comme le paludisme). Les Bhotiyas, dont le nom en sanskrit signifie ‘Tibet’, vivent non loin de la frontière. Ils ont été divisés en clans et parlent plusieurs langues.
  • la plaine gangétique est une des plus fertiles de la planète, dans la région du Garhwal (plus ou moins vers Haridwar 😉).

Ces 2 plaines sont dominées au nord par un contrefort de l’Himalaya, c’est-à-dire que cette chaîne suit une chaîne montagneuse plus haute. Cette vallée fertile est appelée ‘Doon’ par les habitants : c’est la plus grande vallée enclavée où est située la capitale de l’Etat, Dehra Doon.

 

Les langues indo-aryennes sont une branche des langues indo-iraniennes, elles-mêmes étant une branche des langues indo-européennes. Ces langues rassemblent la moitié des locuteurs de toutes les langues indo-européennes, soit environ 1,5 milliards de personnes ! (dont l’hindi, l’ourdou (240 millions), le bengali (230 millions), etc…). Elles sont essentiellement parlées en Asie en Sud, en Inde, au Pakistan, au Bangladesh, au Népal, au Sri Lanka et aux Maldives.

L’économie de l’Uttarakhand repose largement sur l’agriculture et l’élevage mais aussi sur la production d’énergie renouvelable (hydroélectricité), l’industrie, le tourisme et la sylviculture. De nombreux barrages (comme le Tehri Dam) fournissant de l’électricité pour les États d’Uttar Pradesh, Haryana et Delhi sont controversés. Les médias dénoncent souvent le gouvernement qui ferme les yeux sur les conséquences écologiques dont les inondations de 2013 qui ont fait 5 758 morts et plus de 10 000 disparus !

L’Uttarakhand est également très connu pour ses stations climatiques construites par les Anglais comme Nainital et Mussoorie où les Indiens du sud viennent se reposer – ou encore pour les hippies qui viennent méditer ou faire du yoga dans les lieux de pèlerinage comme Haridwar, Rishikesh et Badrinath.

 

Avant de visiter l’Etat de l’Uttarakhand, nous rencontrons la famille de Nikhil

 

Nous avons posé nos valises chez Nikhil, un Indien qui est donc Kumaoni. Il vit avec toute sa famille dans une grande maison.

Haldwani – Inde

Sa grand-mère est adorable ! Elle est toujours souriante et est toute contente de nous voir. Elle nous dit toujours ‘Betjao’ qui veut dire ‘assieds-toi’, les Indiens n’aiment pas nous voir debout 😛 Malgré son âge et les différences de culture et de langage, ça ne lui fait pas peur, elle communique toujours avec nous ! Elle nous mime quand elle a froid et chaud et nous en profitons pour apprendre nos premiers mots d’hindi !

Sa maman est moins souriante et au début, on la craint un peu 😉 Mais elle s’est révélée super aussi ! Ils nous ont vraiment intégrées très rapidement, c’est comme si on faisait partie de la famille ! Les Indiens ont un fabuleux sens de l’hospitalité encore une fois, de quoi nous donner des leçons de savoir-vivre 😉 Ils n’ont pas compris quand je leur ai fait savoir que ma mère trouvait ça impoli que je reste autant de temps (ça fait un sacré budget de nourriture, etc…) ! Quand il y en a pour 15, il y en a pour 17 !

Haldwani – Inde

La sœur de Nikhil nous a écrit tous les prénoms en hindi et elle m’a même donné des cours privés les dernières semaines – et elle a appris le français en échange : elle dit très bien la lettre R, mieux que moi en anglais !!

Ses deux Chachi (tantes) sont aussi super souriantes et adorables ! Je les ai massées plusieurs fois parce qu’elles avaient mal au dos et elles n’ont pas arrêté d’en redemander… Les Indiennes sont super prudes ! Elles n’ont jamais enlevé leur t-shirt pour que je les masse 😉 Finalement, ça a permis de vraiment créer des liens entre nous 😊

Ses frères et sœurs : sa ‘vraie’ sœur Neha habite et travaille à Delhi et les autres, qu’en France, on appellerait cousins puisque ce sont les enfants de ses tantes, sont 4 : Ayush (Rishi), Kushi, Harshita (Harshou), Kavisha (Nanou) et Tanmay (Tanou). Entre parenthèse, ce sont les surnoms parce qu’en Inde, tout le monde en a un ! C’était très dur au début de s’en rappeler mais surtout de savoir qui était l’enfant de qui ! Nikhil (Toshu) a distingué ses tantes en les appelant « big chachi » et « small chachi », on a donc fait pareil !

 

 

 

L’expression « nous sommes tous frères » prend tout son sens en Inde !! Non seulement au sein de la famille mais avec tout le monde puisqu’ils s’appellent tous Bhaiya (frère) ou Didi (sœur) : que ce soit quand tu t’adresses au serveur dans un restaurant, au vendeur dans la rue, au réceptionniste dans un hôtel, etc… J’ai trouvé ça très beau, finalement tout le monde est sur le même pied d’égalité et il y a une sorte de fraternité et de respect qui émane. 😊 Avec Ségo, ça nous fait toujours drôle et très plaisir quand les sœurs de Nikhil nous appellent « Ségo Di » et « Sarah Di ».

Le père et l’oncle de Nikhil n’habitent pas à la maison quotidiennement, ils travaillent hors d’Halwani. On est un peu entre filles à la maison finalement 😉

Nous avons réellement été traitées comme des princesses : on n’avait jamais le droit de débarrasser nos assiettes ou de faire quoi que ce soit ! On a adoré de nouveau cette vie à l’indienne ! Dire Namaste avec la tête devient un réflexe un peu gênant, manger avec les mains (même quand eux prennent une cuillère), goûter les épices, les repas (surtout végétariens) sont super bons !! On s’est régalées même si on a été malades toutes les 2 😉

Nikhil nous a tous emmenés au Kenchi temple ! on était environ 10 dans la voiture. Pourquoi Ganesh a l’apparence d’un éléphant ? Vishnou et sa femme ont eu Ganesh. Son père lui a coupé la tête mais sa mère a demandé aux Lords de lui rendre son fils, peu importe le prix et il lui est revenu sous la forme d’un éléphant…

 

Haldwani – Inde

Haldwani – Inde

Haldwani – Inde

Haldwani – Inde

Haldwani – Inde

Haldwani – Inde

Haldwani – Inde

 

Ce qu’on a découvert de la vie & de la culture indiennes

 

La famille de Nikhil nous apprend que les enfants peuvent être élevés par les grands-parents  ou les tantes si les parents travaillent dans des villes différentes, ce qui est le cas pour une de ses sœurs. Nous avons rencontré ses parents plusieurs fois, ils viennent régulièrement voir leur fille, pour les festivals et les week-ends quand ils peuvent.

Parfois, les prénoms ne sont pas forcément choisis par les parents mais peuvent l’être par la tante par exemple ! Pour nous, ça fait bizarre mais on sent vraiment une vraie solidité et un vrai soutien dans leurs relations familiales.

D’ailleurs, les parents et les enfants dorment tous dans la même chambre, dans des lits séparés ou non. D’autres chambres sont disponibles dans la maison, c’est donc vraiment un mode de vie choisi ! 😉 Les couples ne dorment jamais ensemble : ça, par contre, c’est curieux pour nous !! Mais ils ne sont pas séparés pour autant, ils s’aiment mais à la façon indienne 😉 C’est clairement une différence culturelle énorme pour nous qui privilégions l’intimité des couples ! Certes, ils sont réservés dans la vie (vous ne les verrez jamais s’embrasser, même dans les films !), ils ont un seul droit : se tenir la main. C’est un peu dur mais on doit s’y faire !

Comme c’est une famille nombreuse, chacun y a un rôle déterminé : une des tantes cuisine quotidiennement, une autre fait les courses, etc… A ce propos, le petit-déjeuner est composé de parathas (crêpe avec de la purée à l’intérieur) et de légumes, le déjeuner de riz et d’autres légumes et le dîner de rotis/chapatis et encore des légumes différents (courgettes, lentilles, pommes de terre, pois chiches, petits-pois, etc…). On adore ça et Ségo aime particulièrement le missi paratha et dal makhani. La moitié des membres de la famille sont végétariens, alors, à la maison, on ne cuisine jamais de viande (ils en mangent quand ils vont au restaurant) : ce choix est très personnel et respecté, peu importe l’âge de l’enfant, c’est à lui de choisir ! D’ailleurs, small chachi est végétarienne mais ses enfants sont carnivores et inversement pour big chachi 😉

Une chose qui nous a fait sourire : les Indiens s’habillent avec de beaux vêtements pour aller à l’école ou au travail mais dès qu’ils rentrent, ils se changent et gardent ces habits jusqu’au lendemain matin : ils vont jouer avec les voisins, faire les courses et dormiront avec, ils n’ont pas de pyjama !

Leur premier réflexe au lever est de se brosser les dents… donc avant le petit-déjeuner puisque dès le lever, ils se parlent, se préparent et ne mangent pas le petit-déjeuner immédiatement ! Ils ne vont pas manger tous ensemble autour d’une table – d’ailleurs, il n’y a pas de table – chacun va s’asseoir sur le canapé, devant la télé, en tailleur ou sur une chaise, sur le lit ! Avec les mains ou une cuillère…

Quand Big chachi appelle les enfants pour servir les assiettes, ils ne discutent pas : en Inde, les enfants sont plus disciplinés que chez nous ! Ils mangent tout et quand ils éteignent la télé, personne ne hurle ! L’autorité des adultes est respectée, du moins chez Nikhil parce que dans la famille de son pote, Sumit, tout le monde crie sur le petit dernier 😉

Pithoragarh – Inde

Une autre chose surprenante : il n’y a pas de boîtes aux lettres, le facteur sonne quand il y a du courrier… Pour une fois, qui économise le plus de papier en évitant les publicités inutiles, etc ? 😉 Les Indiens !

J’ai essayé de leur expliquer que chez nous, le soir ne tombe pas à la même heure selon la saison – et j’ai aussi abordé le changement d’heure d’été et d’hiver… c’était très étrange  pour eux et ils n’étaient pas sûrs de m’avoir compris ! En Inde, tous les jours de l’année, le soleil se couche à la même heure. A ce propos, on peut quotidiennement voir la lune en plein jour.

Chaque jour de la semaine fait référence à un Lord ; le mardi est dédié à Hanuman et par conséquent, la consommation d’alcool et de viande sont prohibées, les magasins sont fermés.

On se sent libre, on discute de tout, il n’y a pas de sujet tabou ! J’ai eu d’intéressantes conversations avec Nikhil qui adore l’histoire, notamment sur les conflits qui opposent l’Inde au Pakistan et l’Inde à la Chine.

 

L’Inde et ses relations de voisinage

Carte des conflits entre l’Inde et ses voisins

 

○ L’Inde est en conflit avec le Pakistan depuis des années : quand les deux pays ont acquis leur indépendance par rapport au Royaume-Uni en 1947, cela a provoqué le flux de population le plus intense du 20ème siècle (à ce propos, regardez ce film le dernier vice-roi des Indes, 2017, réalisateur Gurinder CHADHA) : le Pakistan était un territoire indien et au moment de sa création, les Indiens ont dû choisir soit de rester en Inde (en majorité, les hindous sont restés) soit d’aller au Pakistan (musulmans pour la plupart). Cette « partition des Indes » a été marquée par des conflits inter-ethniques et des désaccords territoriaux (le Junagadh et le Cachemire) : la première guerre indo-pakistanaise a lieu.

D’autres conflits ont eu lieu en 1965 et 1971, lorsque l’Himachal, région du nord de l’Inde qui compte environ 8 millions de personnes, est devenue un Etat indien indépendant.

La frontière avec le Cachemire est une zone de conflit encore aujourd’hui. La ligne de contrôle est le nom donné par l’ONU à la ligne du cessez-le-feu décidé par l’accord de Karachi en 1949 à l’issue de la 1ère guerre. Juridiquement, cette ligne n’a pas valeur de frontière internationale. La délimitation entre l’Inde et le Pakistan est donc floue puisqu’elle est concrètement assurée par l’armée !

Cette ligne s’étend sur 740 kms (dont 550 kms constitués par un double rang de barbelés électrifiés et, entre les barbelés, un terrain miné). Sur les kilomètres restants, 350 000 soldats indiens sont en poste.

Contrairement aux 2 Corée, le cessez-le-feu est largement ignoré de façon récurrente. Aujourd’hui, on dénombre entre 50 000 et 75 000 décès ! C’est un conflit accepté des deux côtés, aucune guerre n’est réellement déclarée mais mensuellement, des soldats sont blessés ou tués.

« La frontière entre l’Inde et le Pakistan est la plus dangereuse du monde », magazine anglais The Economist.

○ L’Inde est aussi en conflit avec la Chine avec laquelle elle a 3 380 kms de frontière, découpées en 3 parties distinctes dont 2 font discorde.

Encore aujourd’hui, la Chine ne reconnaît pas la souveraineté de l’Inde sur l’Arunachal Pradesh, dans l’Assam. À l’inverse, l’Inde revendique la région de l’Aksai Chin, à l’ouest du Népal, unilatéralement annexée par la Chine.

Depuis 1962, la guerre sino-indienne fait rage à propos des territoires himalayens. En effet, la Chine, après avoir annexé le Tibet, pénètre au Ladakh et la guerre éclate : les 2 500 kms de frontière et les 5 000mètres d’altitude font périr ou font prisonniers 80 % des soldats indiens.

L’Inde étant soutenue par les Etats-Unis et le gouvernement soviétique, la Chine a déclaré soutenir militairement le Pakistan lors de la 2nde guerre indo-pakistanaise. Comme par hasard !

En 2005, un accord sino-indien règle le différend frontalier mais les violations par les forces chinoises sont fréquentes : en 2008, 270 cas recensés entraînent une augmentation de la présence militaire indienne sur la zone. En 2011, la Chine a renforcé ses troupes, déployé des missiles balistiques et multiplié les incursions en territoire indien. En réponse, l’armée indienne a recruté 100 000 soldats sur 5 ans et veut installer des missiles de croisière ! En 2017, la Chine a entrepris la construction d’une route à usage militaire permettant d’acheminer rapidement hommes et matériels à la frontière avec l’Inde.

En contradiction avec l’accord de janvier 2018, des images satellites ont révélé un déploiement massif des forces chinoises le long de la frontière. C’est donc un conflit loin d’être terminé !

 

Notre premier Holi festival

 

Pourquoi ce nom, Holi ?

Il était une fois, le roi-démon Hiranyakashyap qui voulait imposer ses règles sur Terre. Son propre fils, Prahlad, est devenu un dévot du Dieu Vishnou, ce qui a rendu le roi fou furieux ! Il a tenté de le tuer en le faisant piétiner par un éléphant et a essayé de le jeter d’une falaise. C’était sans compter sur Vishnou qui a défendu son protégé !

Frustré, le roi s’est tourné vers sa sœur Holika qui avait le pouvoir d’entrer en contact avec le feu, sans être brûlée.

Elle a donc demandé à Prahlad de s’asseoir sur le bûcher avec elle… Pour que la bénédiction marche, elle a besoin d’entrer dans le feu toute seule mais Holika a brûlé en cendres et Prahlad – qui chantait le nom de Vishnou – s’est est sorti indemne ! Holi – qui a tiré son nom d’Holika – signifie donc la « victoire du Dieu sur le Démon ».

La fête indienne des couleurs célèbre le printemps et la fertilité durant 2 jours de pleine lune. Dédiée à Krishna dans le nord et à Kâma dans le sud, c’est une des plus anciennes célébrations de l’Inde… elle existait déjà dans l’antiquité !

Haldwani – Inde

Haldwani – Inde

Haldwani – Inde

Haldwani – Inde

Haldwani – Inde

Haldwani – Inde

Haldwani – Inde

 

 

 

 

 

La nuit du premier jour de la fête, un feu est allumé en ville pour rappeler la crémation de Holika. Le lendemain, les femmes chantent et dansent (nous nous sommes prêtées au jeu 😉 ). Connu sous le nom de Rangapanchami, les gens, habillés en blanc, circulent avec des pigments de couleurs qu’ils se jettent les uns sur les autres. Il est d’usage de s’excuser après par « Bura na mano, Holî hai » (« Ne sois pas fâché, c’est Holi » en hindi).

Haldwani – Inde

Les pigments ont une signification précise : le vert est harmonie, l’orange optimisme, le bleu  vitalité et le rouge joie et amour.

 

« Holi, c’est le jour où toutes les castes se mêlent, où les inférieurs ont le droit d’insulter tous ceux devant qui ils ont dû s’incliner pendant toute l’année »

Alain Daniélou, écrivain

 

Notre trip en Uttarakhand

Haldwani – Inde

 

Cet Etat est donc divisé en plusieurs districts : nous en avons visité 3 : le district de Nainital, de Pittoragarh et de Dehra Doon.

 

Le district de Nainital

 

C’est celui que l’on connaît le mieux puisqu’Halwani en fait partie et qu’on est souvent allées sur les hauteurs de Kathogam, la ville voisine. C’est un district connu pour ses lacs (il y en a 4 principaux : les lacs de Nainital, de Naunkuchhiatal, de Sattal et Bhimtal).

Outre le temple sikh de Nanakmata, nous avons aussi visité :

Bhimtal – Inde

– le lac de Bhimtal, surtout connu pour son barrage, haut de 14 m et long de 150 m, utilisé comme lieu de stockage depuis 1883 (Raj Britannique). C’est le plus grand lac de la région de Kumaon, connu comme le « lake district of India ». Le lac fournit l’eau potable et pratique l’aquaculture.

Le lac est situé à 1 375 mètres. Selon les géologues, son origine remonterait au déplacement de l’écorce terrestre qui a créé un blocage du flux qui aurait créé le lac. C’est un lieu paisible entouré d’une forêt.

Sattal – Inde

Les précipitations sont énormes pendant la période de mousson. L’eau claire peut devenir marron pendant quelques mois et, selon la légende, la coloration disparaît une fois que le lac a fait une victime.

– le lac de Sattal, plus boisé aux alentours et plus frais. Quand certains sont sexy dans une barque, d’autres le sont moins (le style backpacker n’est pas ce qu’il y a de plus charmant.

 

 

Nainital – Inde

– le lac de Nainital, beaucoup plus grand puisqu’il fait 1,6 km de long, 457 m de large et 27 m de profondeur : c’est le plus profond et le plus haut de l’Inde.

On peut y voir un temple sur la rive d’en face, dédié à Shiva. C’est le Dieu Naini qui a donné son nom à Nainital. Le Naina (qui signifie ‘œil’ en sanskrit et hindi).  Devi Temple se dresse à l’endroit précis où serait tombé l’œil de Sati, l’épouse de Shiva. La couleur vert émeraude du lac viendrait de la couleur de ses yeux.

– la ville de Nainital est un des lieux uniques en Inde – et sûrement au monde – où un temple hindou, une mosquée, un temple sikh et une église se font face les uns en face des autres, sur une même place.

Le sikhisme est une religion différente de l’hindouisme où les hommes ne coupent normalement jamais leurs cheveux, c’est pour ça qu’ils les roulent en boule sous leur turban !

Nainital – Inde

 

 

Nainital – Inde

Nainital – Inde

Nainital – Inde

Nainital – Inde

Nainital – Inde

Nainital – Inde

Nainital – Inde

 

 

 

 

 

 

Nainital se situe à environ 40 km d’Haldwani, à 2000 mètres d’altitude. C’est une station de montagne qui comprend la construction de la première maison européenne.

En effet, en 1839, un businessman anglais (commerce du sucre de canne) est la première personne supposée avoir visité Nainital – accidentellement. Il a été captivé par l’endroit et a décidé de construire une colonie européenne ! Après une publication dans le journal Englishman Calcutta en 1841, 2 sages indiens sont venus visiter les lieux et une légende raconte qu’ils ont béni le lac avec un pouvoir divin qui se transmet à celui qui va prendre un bain dans le lac.

En 1995, des prélèvements ont révélé du manganèse, du cuivre, du nickel, du cadmium et du zinc, des problèmes d’eutrophisation, de drainage, de fuite, qui a réduit le lac de 27 m à 19 m de profondeur, des glissements de terrain : les mesures de restauration ont été évaluées à 10 millions de dollars américains !

Pithoragarh – Inde

Après avoir exploré le district de Nainital, nous sommes parties avec Nikhil et son père en taxi partagé parce qu’aucun train ou bus n’accède à Pithoragarh ! Autant vous dire que ce n’est pas confortable du tout et que le trajet est assez long. Mais ça fait tellement plaisir à son père de nous loger qu’on y va volontiers 😊 Chalo !

 

Le district de Pithoragarh

Pithoragarh – Inde

 

Le district de Pithoragarh se situe à l’est de l’Etat, à la frontière népalaise. Le décor est donc composé de montagnes himalayennes, de pics enneigés et de vallées alpines. Au-delà de 3500 m, la neige est éternelle.

Dans ce district, nous avons visité 2 villes : Pithoragarh et Munsiari (il nous en reste 4 pour la prochaine fois 😉 : Tehsils, Dharchula, Didihat, Berinag et Gangolihat) selon la famille de Nikhil, elles ne sont pas incontournables.

Le district de Pithoragarh compte 485.000 habitants (c’est l’équivalent du Suriname !) alors que la ville de Pithoragarh en compte seulement 56.000. L’hiver, la tribu des Bhotiyas migre vers des endroits plus chauds.

Il y a en totalité 25 glaciers (Milam, Namik, Ralam, Meola, Sona, etc) et 46 pics himalayens (dont les Sunanda Devi à 7 434m, Hardeol à 7151m et Trishuli à 7 099m).

 

Pithoragarh – Inde

La ville de Pithoragarh

Pendant une journée entière, en voiture, le frère de Big Chachi nous a fait visiter les alentours, c’était super sympathique parce que tous les sites sont éloignés les uns des autres. Les Indiens se font toujours un plaisir de t’aider 😊 Nous avons vu :

  • le Vardani temple: un lion est apparu à une femme dans le village sans causer de dégât puis est reparti. Les villageois ont traduit cela comme une bénédiction de Dieu et ils ont construit ce temple !
  • le Mostamanu temple offre une vue panoramique sur la ville et la vallée de la Saur !
  • le Maharajke mémorial commémore la mort du soldat qui a participé à la bataille de Maharajke pendant la guerre indo-pakistanaise en 1965. Il était écrit :

« Ne te lamente pas sur la mort d’un guerrier tué au combat et ceux qui sacrifient leurs vies pour la guerre, ils sont honorés au paradis ».

« La bravoure et le courage sont une part du folklore des Kumaonis. Leur esprit indomptable et leur perspective spartiate font des Kumaonis de vaillants combattants. Ils se sont chacun distingués dans chaque bataille auxquelles ils ont participé avant et après l’indépendance. Le district de Pithoragarh est la maison d’une des plus grandes communautés des soldats Kumaonis ».

 

Pithoragarh – Inde

Pithoragarh – Inde

Pithoragarh – Inde

Pithoragarh – Inde

Pithoragarh – Inde

Pithoragarh – Inde

Pithoragarh – Inde

Pithoragarh – Inde

Pithoragarh – Inde

Pithoragarh – Inde

Munsiari – Inde

Pithoragarh – Inde

Munsiari – Inde

Pithoragarh – Inde

La ville de Munsiari

Munsiari – Inde

Perchée à 2 200 mètres d’altitude, le trajet en taxi partagé était interminable ! C’est le point de départ de plusieurs treks dans l’Himalaya. Située au nord du district, c’est une petite ville qui est couverte de neige tout au long de l’année… sauf quand nous y sommes allés !! La blague 😉 Enfin, les sommets alentours l’étaient bels et bien et nous nous sentions réellement au pied des chaînes de l’Himalaya 😉

Munsiari signifie « la place enneigée » et est située sur l’ancienne route salée du Tibet qui s’étend le long de la rivière du Gange qui prend sa source dans le glacier Milam !

Munsiari – Inde

Il y a des bazars un peu partout et les habitants subsistent grâce à l’agriculture et à l’élevage d’animaux. De nombreuses familles dépendent des forêts et des ressources naturelles dans leur vie quotidienne. Ils utilisent les plantes médicinales trouvées aux alentours (dont le cannabis !). Depuis 2000, il y a une augmentation phénoménale de l’extraction d’une plante médicinale, ce qui a changé l’économie et la vie sauvage !

C’est l’une des destinations privilégiées pour être au pied de l’Himalaya et les hôteliers l’ont compris…

C’est sans conteste une halte à prévoir si on ne craint pas la route et les nausées des autres (le chauffeur ne s’arrêtera sous aucun prétexte) 😉

 

Le district de Dehra dun

 

Mes 3 acolytes étant occupés, je suis allée visiter le district de Dehra Dun toute seule 😉

Pendant le Raj Britannique, la ville s’appelait Dehra, qui signifie ‘camp’ ou ‘habitat temporaire’  et Dun/Doon veut dire ‘vallée’.

Dehra Dun – Inde

Lord Rama et son frère sont venus ici… et parallèlement, la ville a commencé à se développer après l’installation d’un gourou venu avec ses adeptes. La littérature et d’anciens temples sont le témoin de cette mythologie (des reliques et des ruines datant de 2 000 ans !).

Les Britanniques ont possédé Dehradun en 1816 et Mussoorie en 1828. Lors de la création de l’Etat de l’Uttarakhand en 2000, la ville de Dehradun, 580 000 habitants, est devenue la capitale par intérim.

Dehra Dun – Inde

La présence afghane à Dehradun date de la première guerre anglo-afghane après qu’un émir afghan se soit exilé à Mussoorie pendant 6 ans. 40 ans plus tard, en 1879, après la seconde guerre anglo-afghane, son petit-fils a été envoyé en exil en Inde – il a aussi choisi la vallée de Dehra Dun ! Il est le premier Afghan à formellement s’établir ici. La famille royale afghane a maintenu sa présence ici et les futurs rois afghans sont nés en Inde !

Dehra Dun – Inde

Dehra Dun – Inde

La ville de Dehra Dun

J’ai visité un temple dédié à Shiva, le parc Mahatma Gandhi, le Shiv Mandir et la clock tower.

Dans la ville, il y a 83 % d’hindous, 11 % de sikhs et 3,5 % de musulmans. Des enfants pauvres à la sortie d’un temple m’ont demandé de l’argent, je voulais leur offrir de la nourriture, on s’est mis en route pour en trouver (ce n’est pas compliqué avec tous les stands de streefoods) mais quand ils ont vu des sacs de 5 kg de farine, ils ont préféré ça, pour « faire des chapatis ».

 

 

 

 

La ville de Mussoorie

Mussoorie – Inde

Le bus m’a déposée à 2000 mètres d’altitude, dans ce village haut perché qui est la majeure partie de l’année sous les nuages. J’ai eu de la chance, la vue sur vallée de la Doon et les montagnes était claire. Un télésiège vous amènera en haut de la colline pour profiter de la vue 😊

Mussoorie – Inde

Mussoorie – Inde

Créés en 1823 par les Britanniques, les panneaux de signalisation indiquaient : « Interdit aux chiens et aux Indiens ». C’était commun dans les stations d’altitude, fondées par et pour les Anglais !

Fuyant l’occupation chinoise en 1959, le dalaï-lama a établi le gouvernement tibétain en exil à Mussoorie, c’est la raison pour laquelle un marché tibétain se tient ici 😊 La première école tibétaine a été fondée en 1960 et les Tibétains sont aujourd’hui 5 000 à y vivre.

Au 19ème siècle, quand la ville est devenue une station de montagne importante, la question des transports s’est posée. Un businessman indien a eu l’idée de ricksaws poussés à la main, ce que les Anglais ont accepté tout de suite ! En plus d’un mode de transport, c’est devenu un symbole ! Les pousseurs, appelés Jhampanies, avaient d’impressionnants uniformes. 5 personnes étaient employées pour pousser un ricksaw de 2 sièges et 4 personnes pour un ricksaw à place unique! Avec le temps, pour des raisons économiques, leur nombre a été réduit et plus que 2 personnes seulement poussaient un ricksaw ! Finalement, ils sont devenus motorisés ! De nos jours, Mussoorie est victime de la multiplication des hôtels et des chalets pour touristes… mais c’est encore un coin préservé qui vaut le détour ! Allez-y vite 😊

 

La ville d’Haridwar

En sanskrit, Hari fait référence à l’un des noms de Lord Vishnu et Dwara signifie porte : Haridwar veut donc dire « la porte de Vishnu ».

C’est l’une des 7 villes sacrées de l’hindouisme et un lieu important de pèlerinage où selon les croyances, le fidèle qui s’y baigne voit ses péchés effacés et échappe au cycle de la réincarnation. Le Gange qui vient de l’Himalaya traverse la ville – l’eau y est plus propre qu’à Varanasi !

  • les Hindous considèrent que le Gange surgit de l’Himalaya à cet endroit précis : ‘L’empreinte de Dieu’ marque l’endroit où Vishnou aurait fait tomber quelques nectars célestes et où le sol aurait épousé l’empreinte de son pied. Les pèlerins viennent en masse quotidiennement et se réunissent chaque soir pour la cérémonie de l’aarti (déjà abordée dans l’article sur Varanasi), rituel ancestral à voir une fois dans sa vie !

    Haridwar – Inde

    Haridwar – Inde

    Haridwar – Inde

 

  • le temple de Chandi Devi se trouve au sommet d’une colline. Construit par le roi du Cachemire en 1929, il est dédié à la déesse Chandi. La statue aurait été érigée au 7ème siècle.
  • le temple de Mansa Devi, construit sur la colline qui surplombe la ville, est dédié à la déesse-serpent Mansa. La vue sur la ville et la vallée du Gange est très dégagée.
  • l’ashram de Sapta Rishi est construit sur les rives du Gange, qui, d’après la légende, se serait séparé ici en 7 bras pour ne pas déranger la méditation des sept rishis qui priaient.

Haridwar – Inde

Haridwar – Inde

Haridwar – Inde

Haridwar – Inde

Haridwar – Inde

Haridwar – Inde

Haridwar – Inde

 

 

 

 

 

Après ce petit trip, je vais m’éloigner un peu de l’Uttarakhand, j’ai besoin de vacances 😉 Je rigole… Mais d’autres lieux nous ont attirés, les îles Andaman pour Nikhil et moi et Kasol pour Ségo et Sumit…

 

Les îles Andaman, un paradis sur terre

 

Les îles Andaman – Inde

Le séisme de 2004 dans l’océan Indien a provoqué la mort d’environ 7 000 personnes dans les îles Andaman et Nicobar. Certaines îles ont été coupées en deux, d’autres submergées.

En route pour les îles Andaman – Inde

Les autorités indiennes, soucieuses de reconstruire l’économie locale, ont accordé des permis de construire à de nombreux hôteliers ! La chaîne Taj prévoit de bâtir un complexe haut de gamme sur la plage de Radhanagar, où n’existent pour l’instant que des bungalows en bois. Ce paradis sauvage va perdre tout son charme ☹

Malgré tout, à la suite d’un référendum, la population locale, soutenue par l’armée, a refusé l’ouverture d’un aéroport international ! Ouf…

Les îles Andaman ont conservé une nature intacte avec 6 400 km² couverts à 84 % d’une forêt primaire où s’épanouissent 25 variétés d’orchidées uniques au monde, un réseau de mangroves, l’un des plus étendus de la planète (1 000 km²).

Par bateau, nous sommes restés sur l’île d’Havelock, la plus grande, qui fait 41 km2. Elle tient son nom d’un général qui a servi en Inde (Sir Henry Havelock). Il y a plusieurs plages toutes aussi jolies les unes que les autres.

Les îles Andaman – Inde

Sillonner les routes en scooter était un vrai bonheur à l’état pur !

Les îles Andaman que vous voyez là ont servi de prison sous l’empire britannique. Une des îles (Nicobar) est interdite à tous puisqu’une tribu y vit. Sur le billet de 20 R, il y a l’image d’un îlot qu’on aperçoit en prenant le bateau entre Port-Blair et Havelock 😉 Port-Blair, la capitale, est la plus grande ville avec 314.000 habitants. Le nom Andaman provient de Handuman, le nom hindou du dieu Hanuman. Il y a 204 îles dont 38 sont habitées.

Les îles ont appartenu à la chaîne montagneuse reliant la Birmanie à l’Indonésie, qui s’est enfoncée dans les mers et qui a laissé un volcan sous-marin, sur l’île Barren à 110 km, c’est le seul volcan actif de l’Inde. Le point culminant se situe à 732 m.

Sous le nom de Frederiksøerne, elles ont fait partie de l’Inde danoise à partir de 1754 avant d’être rachetées par les Britanniques, à la recherche d’un lieu de déportation pour leurs prisonniers politiques. Ils ont construit le plus grand bagne politique du monde, qu’ils ont voulu « modèle » et qui s’est avéré d’une cruauté sans pareille ! Les troupes japonaises ont occupé l’archipel lors de la 2nde guerre mondiale mais les îles sont redevenues Britanniques puis en 1947, ont fait partie intégrante du nouvel État indien.

Les îles Andaman – Inde

L’armée indienne investit de nombreuses îles pour y créer des bases navales. Le gouvernement incite les habitants du continent à venir s’installer sur l’archipel en leur offrant des terres : il y a bien eu un très fort accroissement de la population mais au détriment des peuples indigènes qui sont devenus minoritaires sur l’archipel !

Selon l’ONG Survival International qui défend les droits des peuples indigènes du monde entier, la colonisation s’est avérée fatale pour ces tribus : elle a propagé des maladies (en 1999, la rougeole et la pneumonie ont touché la moitié de la population Jarawa dont 10 % en est morte) et entraîné une perte d’identité et un état de dépendance.

5 ethnies de chasseurs-cueilleurs y vivent, appelées aussi ‘Négritos’ eu égard à leur apparence physique. Certains ont une peau très foncée et des cheveux noirs crépus. Ils se seraient séparés des autres populations il y a environ 60 000 ans ! Certains anthropologues considèrent les Andamanais comme une population résiduelle isolée issue des premiers humains ayant quitté l’Afrique et peuplé l’Asie du sud. D’après les études sur l’ADN, les Andamanais semblent être la population humaine la plus isolée génétiquement de toutes les autres vivant actuellement.

La population actuelle de l’Inde pourrait être issue d’un mélange entre une ancienne population autochtone de l’Inde des îles Andaman et une population eurasienne de l’ouest, originaire du Caucase, arrivée plus tardivement. Les 5 ethnies recensées, d’apparences et de mode de vie très similaires, sont regroupées en 2 groupes :

  • Les Grands Andamanais: A l’arrivée des Britanniques, il y a 150 ans, les Grands Andamanais représentaient une population de 5 000 personnes. Ils ne sont aujourd’hui plus que 52. Ainsi, on les considère comme le plus petit peuple au monde. Une des plus vieilles cultures du monde est en train de disparaître : la tribu Bo, qui aurait habité les îles depuis 65 000 ans, a déjà vu sa langue s’éteindre en même temps que son dernier membre, en février 2010 ☹
  • Un groupe Onge-Jarawa, regroupant :

– les Sentinelles: ils sont entre 50 et 200 individus. Ils n’ont établi aucun contact amical avec le monde extérieur et sont d’ailleurs considérés comme le peuple le plus isolé du monde. Ils vivent sur leur propre île de 47 km2 et s’attaquent à quiconque s’en approche !

– les Jarawasont eux aussi restés volontairement isolés des colons qui se sont installés sur leurs îles au cours des 150 dernières années, faisant preuve d’une hostilité Leur nombre est passé de 8 000 avant la colonisation britannique à moins de 300 aujourd’hui ! À la suite d’une pétition lancée par Survival International, l’État indien a abandonné son projet de transférer cette population : en 2006, le sort des 270 derniers Jarawa était en danger à cause d’une route qui risquait de détruire complètement l’environnement de cette tribu. Une campagne internationale orchestrée par Icra International est en cours afin d’influencer le gouvernement indien.

– les Onge: il ne reste aujourd’hui que 99 personnes. Leur population a diminué de plus de 85 % au cours du dernier siècle, du fait de mauvais traitements de la part des colons, de l’introduction de maladies ou de l’alcool ! Les Onge, autrefois indépendants et auto-suffisants, ont été contraints d’accepter une situation de dépendance vis-à-vis de l’administration.

– les Jangil: cette population qui vivait sur sa propre île a aujourd’hui totalement disparu ☹

Je vous laisse regarder une vidéo assez intéressante 😊 Pendant que certains nagent dans l’océan indien, certains sont dans la montagne…

 

Kasol et sa vallée

 

Je (Ségo) pars d’Haldwani avec Sumit en bus de nuit car les trajets sont longs même pour des faibles kilométrages…

Kasol – India

Nous rejoignons au petit matin la ville de Dehra dun. Nous nous y arrêterons la journée pour nous reposer de l’éprouvante nuit en bus… autant dire que nous n’avons quasiment pas dormi. On passe du temps avec des copains de Sumit qui finiront par nous emmener en soirée à la station de bus pour en reprendre un de nuit qui nous déposera à … De là, un petit bus régulier nous emmène à Kasol.

Pourquoi avons-nous décidé d’aller là-bas ? Sumit n’a jamais quitté l’Uttarakhand, du coup je lui ai dit de choisir où il voulait aller et que je le suivrai ! Son choix a été Kasol en Himachal Pradesh pour aller voir les montagnes aux neiges éternelles, ce qui a fait mon plus grand bonheur, moi qui aime tant la montagne.

Kasol – India

Kasol est une ville très touristique, il y a des blancs à tous les coins de rues et on se croirait réellement dans une ville de hippies. Mais la vue y est superbe et nous sommes entourés de montagnes aux pics enneigés. Il y a trop de touristes pour nous deux, c’est donc après une nuit que nous continuons notre route et allons à Tosh. C’est une ville qui n’est pas accessible en voiture mais un taxi nous y dépose. Il suffit de traverser un ruisseau et nous voilà dans un petit village à l’abri des klaxons et aux pieds de ces majestueuses montagnes. Nous sommes tous les deux excités comme des enfants et restons cois devant la beauté de ce spectacle !

Nous ne pouvons malheureusement pas rester car Sumit doit rentrer pour travailler, sa famille l’a appelé et comme un de ses frères est malade, il faut faire fonctionner l’entreprise familiale…

Le retour sera encore plus éprouvant que l’aller !! Nous enchaînons les bus avec un arrière-goût amer … Le travail prime sur les vacances … Mais le goût d’inachevé nous fait passer un pacte : en janvier 2019, pour nos anniversaires respectifs, nous y retournerons pour profiter pleinement du lieu !

De retour à Haldwani, Didi m’annonce que c’est Navrati et me demande si je veux y participer !

Qu’est-ce que Navrati?

Navrati ou Navaratri vient du sanscrit et veut dire littéralement neuf nuits. C’est donc une fête hindoue qui célèbre pendant 9 jours et 10 nuits « l’énergie féminine divine » qui porte le nom de Shakti. C’est une période d’introspection et de purification.

Haldwani – Inde

Généralement, c’est une période pour commencer de nouvelles affaires. Cette fête est commémorée avec une sorte de jeûne. Les règles ne sont pas vraiment fixes et vont varier en fonction des familles ou communautés. Ce qui m’a le plus surprise, c’est que ce n’était pas un jeûne total puisque nous mangions nos trois repas par jour mais uniquement certains aliments. Par exemple, durant Navratri, toutes les épices sont proscrites et particulièrement l’oignon, l’ail, le chili et le gingembre qui sont habituellement beaucoup utilisés dans la cuisine indienne.

Quotidiennement, nous faisions Puja, nous priions tous ensemble, en famille et la lumière autour de l’hôtel dédiée aux déesses était toujours allumée. Une noix de coco avec un bol d’eau, du sucre et des clous de girofle étaient mis à disposition des déesses.

Au bout des 10 jours, nous sommes allées au temple pour prier et faire le Prasad (don de nourriture qu’on partage ensuite). Sont alors cuisinés du puri (sorte de chapati frit) et du chole (pois chiches) pour 9 petites filles du quartier qui passeront de maison en maison pour recevoir leur part de nourriture et ainsi fêter la fin du jeûne et du festival.

C’était une expérience vraiment enrichissante que d’avoir pu tout partager avec cette famille qui est finalement devenue la mienne !

Haldwani – India

Haldwani – India

Haldwani – India

Haldwani – India

Je suis d’ailleurs restée chez eux jusqu’à ce qu’il soit temps de partir au Népal et ce sont de vrais liens qui se sont tissés entre nous. Je retournerai chez eux pour tenir ma promesse à Sumit, en janvier puisque c’est toute la famille qui m’a fait promettre de revenir et de passer un certain temps chez eux.

 

Nous voilà donc prêtes à partir au Népal ! Ce qu’on regrette ? Que c’est le dernier mois de Ségo, le voyage prend fin pour elle bientôt. Et de ne pas avoir pris de train – en sleeper class 😉 Ce n’est que partie remise !

L’inde est définitivement notre fief, notre second home. A la fois excitées de visiter un nouvel Etat, folles de joie de retrouver nos anciennes habitudes et l’esprit de l’Inde – ses rues, sa streetfood, son ambiance, sa population, ses sourires – c’est avec un réel bonheur que nous découvrons l’Inde un peu plus chaque fois… ! Vivement le mois d’octobre et notre deuxième festival indien 😀 ! Patience, on vous dira tout, promis ! 😉